E. Blake Byrne vient d’offrir au musée de Los Angeles un ensemble de 123 œuvres importantes, parmi lesquelles des pièces d’Annette Messager ou Jacques Villeglé.
LOS ANGELES - Le Musée d’art contemporain de Los Angeles (MOCA) vient de bénéficier du don le plus considérable qu’il ait jamais reçu d’un particulier, une collection de 123 œuvres signées de 78 artistes offerte par E. Blake Byrne, un ancien dirigeant de l’audiovisuel qui siège parmi les administrateurs du MOCA depuis 1999.
Le musée s’est refusé à livrer toute information sur l’estimation de cette collection accordée par E. B. Byrne sans conditions ni réserves. Mais l’institution a décrit ce don comme le plus important de son histoire. Depuis son ouverture, elle a pourtant bénéficié de dons de la Lannan Foundation ou de collectionneurs tels Beatrice et Philip Gersh, Barry Lowen, le comte Giuseppe et la comtesse Giovanna Panza di Biumo, Rita et Taft Schreiber, Scott D. F. Spiegel et Marcia Simon Weisman. « Je suis ravi de voir mon nom s’ajouter à cette liste », a commenté E. B. Byrne.
La collection Byrne est un véritable Who’s Who des artistes contemporains de Californie, de New York, d’Amérique latine, d’Asie et d’Europe. Elle comprend des œuvres d’Andy Warhol, Claes Oldenburg, Joseph Kosuth, Yayoi Kusama, Joseph Cornell, Luc Tuymans, Thomas Hirschhorn, Gabriel Orozco, Felix Gonzalez-Torres, Sigmar Polke, Gerhard Richter, Martin Kippenberger, Albert Oehlen et Kai Althoff. Elle inclut aussi des pièces d’Ed Ruscha, John Baldessari, Paul McCarthy et Mike Kelley et, pour les artistes français, Annette Messager et Jacques Villeglé.
« La collection réunit des œuvres à caractère aussi bien abstrait que narratif, sexuel, politique, religieux ou familial, sans privilégier aucun de ces thèmes », explique E. B. Byrne, qui affirme s’être laissé guider dans ses acquisitions uniquement par « l’émotion ». Sa passion à l’éventail très large ne comprend néanmoins pas de vidéos, parce que, dit-il, « un quart de siècle dans l’audiovisuel m’a trop conditionné à regarder ces travaux sous l’angle de la qualité technique. Et, dans l’art vidéo, il y a beaucoup d’œuvres dénuées du pouvoir qu’a la télévision de capter l’attention du public, et par conséquent je m’y intéresse moins ».
Appartement parisien
E. B. Byrne a bâti sa fortune en prenant part à la création d’Argyle Television, absorbée par la Hearst Corporation en 1997. Il a commencé à collectionner en 1988, année où il a rapporté sept œuvres de la Foire de Bâle. Il a constitué l’essentiel de ses acquisitions auprès de marchands, avec quelques incursions en ventes publiques et très peu d’achats directs auprès des artistes. Il a notamment fait des achats auprès des marchands Jack Tilton, Marian Goodman et Paula Cooper à New York, Margo Leavin et Sean Regen à Los Angeles, Anthony Reynolds à Londres et Christian Nagel à Cologne. Ses acquisitions faites en Europe se trouvaient pour la plupart dans son appartement parisien, tandis que le reste était conservé à son domicile et à son bureau de Los Angeles ou dans des réserves. Malgré la générosité de sa donation au MOCA, il assure avoir encore chez lui plusieurs centaines d’œuvres d’art.
Par ailleurs, les activités philanthropiques d’E. B. Byrne incluent la coprésidence de la campagne de levée de fonds pour l’édification du Ray Nasher Museum of Art à l’université Duke de Durham, en Caroline du Nord. Celle-ci nécessite 30 millions de dollars (22,5 millions d’euros), dont 10 ont été donnés par le collectionneur de Dallas qui donne son nom au musée. E. B. Byrne va continuer à collectionner. « Ray [Nasher] m’a dit : “Nous sommes des drogués, nous n’arrêterons jamais !” Je suis d’accord avec lui, mais je souhaiterais ralentir un peu. Encore heureux que ce ne soit pas le jeu ou la cocaïne ! » Le MOCA exposera la collection Byrne à partir de cet été (et jusqu’au 10 octobre) pour fêter le soixante-dixième anniversaire du donateur.
Du 3 juillet au 10 octobre, Museum of Contemporary Art, 250 South Grand Avenue, Los Angeles, tél. 213 626 6222, www.moca.org, tlj sauf mardi et mercredi, 11h-17h, jeudi jusqu’à 20h, week-ends jusqu’à 18h.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Le MOCA reçoit un don historique
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°212 du 1 avril 2005, avec le titre suivant : Le MOCA reçoit un don historique