Le Mémorial de Montluc sous les projecteurs

« Ce lieu devient pour nous tous un Mémorial de la Résistance, de la déportation et des crimes de guerre nazis sur lequel veillera désormais la présidence de la République » : le 8 mai dernier, Emmanuel Macron formulait ainsi l’intérêt tout particulier que porte l’Élysée pour le Mémorial de la Prison de Montluc, théâtre des célébrations du 78e anniversaire de la Victoire sur le nazisme.

Aurélie Dessert, directrice du Mémorial lyonnais, précise que cet ancien lieu d’incarcération des Juifs et opposants politiques durant la seconde Guerre mondiale reste bien sous la tutelle du ministère des Armées, intégré au réseau des dix haut-lieux de la mémoire national géré par l’Office national des combattants et victimes de guerre. « Ce sont des propos forts du Président, et nous sommes très honoré de cette vigilance. Concrètement c’est un engagement de l’Élysée, qui garde un œil indirect sur le lieu de mémoire. »

Si la manière dont le Président de la République « veillera » sur le Mémorial reste floue, cet appui arrive alors que le Mémorial est engagé dans de grands chantiers. Une réhabilitation du bâtiment financée à hauteur de 8 millions d’euros par le ministère des Armées est en cours, et un chantier muséographique est étudié par un comité scientifique dédié. L’ensemble pourrait être livré en 2025.

« Ce coup de projecteur du 8 mai oriente les publics et les partenaires vers nous, se félicite Aurélie Dessert. Cette journée d’hommage nous a permis d’avancer dans la progression du site, pour accroître sa visibilité. » Le lieu, pour l’heure encore mal identifié par le visitorat, a fait l’objet de plusieurs heures de direct sur les antennes du service public le 8 mai dernier.

Lors de cette journée d’hommage, Serge Klarsfeld a également relancé le débat sur la reconstruction de la « baraque aux Juifs » sur le site du Mémorial, en interpellant directement le Président de la République. Une hypothèse de travail qui bouscule la doctrine patrimoniale, et particulièrement celle appliquée aux lieux de mémoire - à l’image du camp d’Auschwitz Birkenau -, mais qui a semble-t-il reçu un bon accueil d’Emmanuel Macron.

« Reconstruction ou non, tout le monde est d’accord sur la nécessité de rendre visible cette baraque, indique Aurélie Dessert. Le comité scientifique [dont fait partie Serge Klarsfeld] est pleinement saisi de cette question. » Devant le Président de la République, la directrice du Mémorial rappelait l’existence de solutions alternatives, comme la réalité augmentée.