La Drac commande à des artistes, dont Sylvie Blocher, Jean-Michel Othoniel et Albert Aymes, d’intervenir dans des lieux patrimoniaux, notamment des églises. Pourquoi ce mariage de l’ancien et du contemporain est-il plus que jamais d’actualité ?
Pierre Cazenave Patrimoine et création entretiennent un rapport dialectique tendu, voir conflictuel ; voyez les réactions que suscitent les grandes installations à Versailles et la dénonciation d’un nouveau vandalisme d’État qui ne seraient qu’une illustration de la marchandisation de la culture. Loin de ce tumulte, nous essayons de manière militante, en Poitou-Charentes, de nourrir d’un regard multidisciplinaire ce qui doit être transmis. Dans cette région rurale, le patrimoine est souvent la seule entrée « culture » pour toucher un public éloigné des « institutions culturelles ». Ici comme ailleurs, les réactions du public aux interventions que nous suscitons entre création et patrimoine varient radicalement selon le statut des lieux patrimonialisés, et selon les visées et les pratiques des artistes. Si les interventions artistiques sont rares, au regard du nombre de chantiers de restauration de monuments menés chaque année, elles rappellent qu’un monument en tant qu’œuvre d’art n’est pas le simple reflet d’une époque ou d’une idéologie. C’est ce qu’accomplit Albert Aymes à Dampierre-sur-Boutonne en Charente-Maritime, dans une œuvre qui vient comme effacer l’ancienneté de cette belle église romane pour révéler une valeur supérieure, nous interrogeant ainsi sur ce mystère que sont les œuvres : produits de l’histoire humaine mais qui perdurent au-delà, par leur puissance, à interroger les hommes. Car l’œuvre est aussi un symbole, une allégorie, un sens. C’est ce que nous montre par exemple Jean-Michel Othoniel dans son projet scénographique pour le Trésor de la cathédrale d’Angoulême, en plaçant le visiteur dans un espace conçu comme une grande chasse reliquaire.
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Le mariage du patrimoine et de l’art contemporain
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°685 du 1 décembre 2015, avec le titre suivant : Le mariage du patrimoine et de l’art contemporain