Le prince a décidé de ne plus envoyer d’œuvres en Allemagne.
VADUZ - En représailles aux fuites concernant des comptes bancaires confidentiels hébergés par la principauté du Liechtenstein, le prince Hans-Adam II poursuit le rappel des œuvres d’art qu’il a prêtées pour des expositions en Allemagne. Les autorités de Berlin auraient versé 5 millions d’euros à un informateur en échange de renseignements concernant des comptes à la LGT Bank de Vaduz. Ces comptes de la banque du prince du Liechtenstein sont soupçonnés d’avoir servi à des particuliers allemands pour frauder le fisc.
Le 11 mars, le prince Hans-Adam II a décidé de réagir à ce qu’il estime être une agression allemande. Considéré comme le premier collectionneur privé d’Europe après la reine Elizabeth II d’Angleterre, Hans-Adam II utilise aujourd’hui l’art comme une arme. Si les fleurons de sa collection sont exposés au Liechtenstein Museum de Vienne, le prince prête volontiers ses tableaux pour des expositions temporaires.
« Les collections du prince s’abstiendront de consentir des prêts en direction de l’Allemagne aussi longtemps que l’application des principes juridiques élémentaires par la République fédérale semblera discutable vis-à-vis du Liechtenstein. », a déclaré un communiqué officiel de Vaduz. L’exposition « Tableaux viennois Biedermeier dans la Collection Liechtenstein » qui devait s’ouvrir à la Neue Pinakothek de Munich le 28 mai, a dû tout bonnement être annulée. Elle devait réunir soixante tableaux (dont des œuvres majeures de Ferdinand Waldmüller et Friedrich von Amerling) et cent aquarelles. Le musée allemand va présenter en remplacement des œuvres de sa collection permanente, et espère pouvoir reprogrammer l’exposition « Biedermeier » au début de l’année prochaine. Les prêts d’œuvres individuelles de la collection du Prince de Liechtenstein à plus de cinq musées ont aussi été annulés. Deux avaient été promis au Musée juif de Berlin : une figurine de porcelaine pour l’exposition « Clichés » (inaugurée le 20 mars) et un important portrait masculin par Frans Hals, jadis dans la collection Rothschild, pour une exposition intitulée « Pillage et Restitution » (qui doit ouvrir en septembre). D’autres prêts avaient été consentis au Museum Kunst Palast de Düsseldorf, à la Stadtresidenz de Landshut, au Landesmuseum de Münster et à la Neue Nationalgalerie de Berlin. Les objets prêtés à des expositions en cours en Allemagne ne sont pas touchés. Sur les 1 400 clients de la LGT, dont les comptes bancaires sont concernés par la fuite, 600 sont Allemands, les autres étant Européens et Américains. Si des gouvernements décidaient comme l’Allemagne de poursuivre leurs ressortissants détenteurs de comptes à la LGT, d’autres annulations de prêts pourraient être envisagées. De leur côté, tant que la crise ne sera pas résolue, les musées allemands pourraient aussi refuser de nouveaux prêts au Liechtenstein Museum de Vienne.
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Le Liechtenstein annule ses prêts
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°280 du 25 avril 2008, avec le titre suivant : Le Liechtenstein annule ses prêts