Dans l’église romaine de San Francesco a Ripa, reconstruite au XVIIe siècle, on croit reconnaître la main de Vouet dans une fresque redécouverte sous la chaux et la tempera. La restauration vient d’être entreprise, sous la direction d’Anna Lo Bianco, grâce à une subvention de la surintendance des Biens culturels, d’un montant de 43 millions de lires (1,5 million de francs).
ROME - Il y a un an encore, entrant dans l’église San Francesco a Ripa, le visiteur qui venait admirer Le Couronnement de la Vierge se trouvait face à un décor affligeant : les parois étaient couvertes d’une tempera terreuse et la voûte, exécutée par un élève de Vouet, était masquée par une fausse architecture. De plus, les grandes figures des Sibylles, peintes par la même main que la voûte sur les panaches des pendentifs, étaient presque illisibles. Les travaux avaient pour objectif de rendre leur aspect original à ces panaches, repeints et oxydés par des infiltrations d’eau. Sept voiles de patine – accumulés entre la chaux et la tempera – ont dû être nettoyés, avant d’atteindre le revêtement original de la chapelle, en "marmorino" (stuc mêlé de poudre de marbre).
Au centre de la voûte, entourée d’une balustrade dont les colonnettes sont représentées en perspective, on distingue la fresque du Couronnement de la Vierge. Selon Anna Lo Bianco, Vouet y aurait apporté sa contribution.
Dans leur biographie de Simon Vouet, rédigée en 1731, Ottavio Lioni et Fausto Amidei, indiquent que le peintre a d’abord exécuté La Nativité de la Vierge, une toile datée de 1618-1620, avant le dessin de la voûte. La tête de l’ange aux mains jointes, placé à la gauche de Jésus, est très proche de celles d’autres jeunes hommes représentés par le peintre. Jacques Thuillier s’est dit frappé par cette tête et a estimé qu’on pouvait reconnaître la main du peintre dans certaines autres parties de la fresque. Dans la même chapelle, le tissu qui entoure la tête de la vieille femme de la Nativité rappelle la coiffe des Sibylles.
Du fait de repeints ultérieurs, une partie importante de la fresque est perdue. Mais le restaurateur Adriano Luzi vient de faire des découvertes intéressantes : "Sur la fresque, on a employé à sec des couleurs utilisées d’habitude avec de l’huile, le jaune de plomb ou bien les verts des fleurs dans les vases, et ceux des manteaux. Il est probable que le peintre s’essayait à la technique de la fresque, et qu’il a fait ensuite des retouches à l’huile. Comme la peinture a perdu sa "peau" de surface, on ne distingue plus que les couches inférieures. Ce sont donc les touches finales, de la main du maître, qui sont pour la plupart perdues."
Anna Lo Bianco souligne que "les recherches d’archives n’ont pas permis d’aboutir à plus de précision. Il a été très difficile aussi de remonter jusqu’aux donateurs de la chapelle, poursuit-elle, mais j’ai retrouvé la description d’une visite pastorale du pape Urbain III, élu en 1623, où la fresque est attribuée à une famille de la noblesse romaine, celle des Marescotti."
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Le Couronnement de la Vierge se dévoile peu à peu
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°10 du 1 janvier 1995, avec le titre suivant : Le Couronnement de la Vierge se dévoile peu à peu