RIO DE JANEIRO / BRÉSIL
Dans la nuit du jeudi 16 janvier, le célèbre Christ rédempteur surplombant la baie de Rio a été endommagé par la foudre lors de violents orages.
RIO DE JANEIRO (BRÉSIL) - C’est un marronnier de l’été brésilien (l’hiver pour la France) qui prend une ampleur inédite. À la faveur des photographies spectaculaires circulant sur les réseaux sociaux, la grande attention portée sur le Brésil a fait d’un orage presque banal un petit événement planétaire. Certes, Rio de Janeiro a vécu un bel orage tropical durant la nuit du 16 janvier. Les éclairs se sont succédé (plus de 1 000 pour la seule ville de Rio, selon l’institut météorologique régional), les coupures d’électricité ont duré et de nombreuses routes furent inondées, paralysant la ville comme souvent. La célèbre statue du Christ rédempteur a été endommagée par la foudre comme en moyenne six fois par an. Le majeur et le pouce de la main gauche du Christ ont été dégradés, accentuant un premier traumatisme dû à un orage précédent. La stéatite qui compose toute la surface de la sculpture a cédé en plusieurs endroits, par petits blocs d’une vingtaine de centimètres. Si l’on considère qu’ils sont tombés d’une trentaine de mètres (la statue en mesure 38 au total, de la base du piédestal au sommet du crâne), on se réjouit que l’accident ait eu lieu la nuit. En cause, le système de paratonnerre qui s’arrête aux poignets, et dont l’extension jusqu’aux doigts vient d’être lancée. Les travaux commencés très rapidement, le mardi 21 janvier, sont estimés par le journal A Folha de São Paulo à 1,9 million de reais (577 000 euros), cofinancés par l’archidiocèse et des donateurs privés.
Une foudre qui réveille les querelles
Le regain d’intérêt pour la statue a brièvement fait ressurgir le débat sur sa paternité. En 2011, le Congrès international de l’Art déco, organisé à Copacabana, avait été l’occasion d’une bataille juridique entre les héritiers de Heitor da Silva Costa, ingénieur à l’origine du projet, et ceux de Paul Landowski, sculpteur français contacté par le premier pour réaliser la statue, notamment les moulages du visage et des mains. Aujourd’hui, seul le Brésilien est célébré sur la plaque située au pied du monument amené de France en morceaux et monté sur place entre 1926 et 1931, considéré encore comme la plus haute sculpture Art déco du monde.
Si les travaux de réfection n’empêchent pas l’ouverture au public, le Corcovado (nom de la colline) suscite pourtant de nombreuses critiques. À l’image d’un patrimoine architectural national non préparé à l’afflux massif de touristes, le Christ rédempteur impose durant l’été des files d’attente pouvant aller jusqu’à quatre heures (sous une canicule tropicale). Le fameux train qui mène à son sommet par le cœur de la forêt tombe régulièrement en panne. Il a déjà laissé les visiteurs coincés pendant plusieurs heures. La route qui y mène est depuis peu fermée au public pour assurer aux compagnies de minibus et au train le duopole rentable de l’accès à la visite. S’excusant des désagréments, mais se félicitant du succès touristique croissant, les responsables politiques semblent considérer que le monument vaut bien les longues heures d’attente. Quant aux orages… Le père Omar Raposo, recteur du sanctuaire qui en a la garde, a assuré qu’il prierait pour qu’ils n’abîment plus l’œuvre monumentale. Ouf.
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Le Christ du Corcovado, à deux doigts du drame
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°406 du 31 janvier 2014, avec le titre suivant : Le Christ du Corcovado, à deux doigts du drame