La restauration du célèbre cycle de fresques consacré à l’\"Histoire légendaire de la vraie croix\", exécuté par Piero della Francesca dans l’église San Francesco à Arezzo, est la plus difficile que l’Opificio delle Pietre Dure de Florence ait jamais entreprise : \"Nous avons été confrontés à une véritable anthologie de toutes les dégradations possibles et imaginables infligées à une surface peinte, y compris les coups de fusil !\", explique Giorgio Bonsanti, surintendant de l’organisme florentin.
AREZZO - Des restaurateurs du monde entier sont venus à Arezzo les 22 et 23 novembre étudier le résultat des opérations de sauvegarde commencées il y a trois ans sur le mur de gauche du chœur de l’église San Francesco, mais les échafaudages qui masquent le cycle peint par Piero della Francesca resteront en place quelques mois encore avant que le public puisse découvrir à son tour les fresques restaurées. Logiquement, les travaux sur la paroi de droite devraient bénéficier des enseignements tirés de cette première phase et durer moins longtemps.
Le cycle de fresques, peint entre 1452 et 1459, a été restauré dès le milieu du XVIe siècle. Par la suite, la foudre, plusieurs tremblements de terre et des constructions irréfléchies, comme celle du campanile, ont dangereusement modifié la répartition des forces. Sans compter les coups de fusil tirés par les soldats français en 1800… La première restauration "moderne" a été effectuée en 1858 par Gaetano Bianchi, celui-là même qui se vantait d’avoir "amélioré" les fresques de Giotto dans l’église Santa Croce à Florence ! Le travail, exécuté en quarante jours, n’avait pas dû poser beaucoup de cas de conscience. Après 1900, de grandes coulées de ciment ont été injectées dans les murs afin de les consolider, et c’est encore ce qu’a fait Fiscali en 1915. Enfin, la dernière restauration a été l’œuvre de Leonetto Tintori, en 1963-1964, à une époque où l’emploi des résines acryliques était malheureusement généralisé.
Ciment omniprésent
Menée par l’Opificio delle Pietre Dure en étroite collaboration avec la surintendance aux Biens artistiques d’Arezzo, l’actuelle campagne de restauration a permis de récolter une importante moisson de données en tout genre et, surtout, de mesurer l’étendue des dégâts occasionnés par les interventions précédentes. Les meilleures équipes de restauration italiennes ont été invitées à collaborer aux côtés des spécialistes internationaux de Piero. Des chimistes, des physiciens, des ingénieurs ont été mis à contribution pour établir un diagnostic et trouver des solutions adaptées aux chutes d’enduit ainsi qu’à l’omniprésence du ciment. Expériences et contre-expériences se sont succédé tout au long des travaux, les parties peintes a tempera faisant l’objet d’une attention particulière : consolidations préalables à l’eau barytée, nettoyages à l’eau distillée, élimination des résidus de résine, consolidations chimiques à l’aide de baryum… Sans parler des restaurations picturales, avec les zones neutres, les repeints et les couleurs sous-tonales.
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Le Christ de Piero dans tous ses états
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°32 du 1 janvier 1997, avec le titre suivant : Le Christ de Piero dans tous ses états