Le nouveau directeur du Rijksmuseum d’Amsterdam, Ronald de Leeuw, a récemment fait part de ses projets à l’occasion d’une conférence prononcée à Londres : resserrement du nombre des départements, présentation mixte des collections, ouverture du musée aux écoles de peintures étrangères.
LONDRES (de notre correspondant). Estimant que le Rijksmuseum était avant tout une affaire "hollando-hollandaise", Ronald de Leeuw a rappelé qu’il dirige l’un des plus grands musées au monde consacré, pour l’essentiel, au patrimoine artistique national, "sans doute parce que Rembrandt, Vermeer, Van Gogh et Mondrian sont nos véritables héros nationaux, plutôt que nos hommes d’État ou nos généraux". Nommé au mois de décembre 1996, le nouveau directeur a reconnu que "la politique d’acquisition du musée a souffert autant d’un manque chronique de fonds que du manque d’espaces". Il a annoncé que les plans concernant les réaménagements intérieurs du musée étaient déjà très avancés et qu’ils pourraient être mis en œuvre peu après l’an 2000. Le successeur de Henk van Os a toutefois précisé que les espaces supplémentaires seraient principalement destinés aux services pour le public, et non à l’exposition des collections. Ronald de Leeuw a également fait part de son vœu de voir quelques-uns des cinq départements – Peinture, Arts décoratifs, Gravures et dessins, Arts d’Asie et Histoire des Pays-Bas – quitter le musée afin de faire du Rijksmuseum un "pur" musée des beaux-arts : "Pourquoi ne pas déménager les marines et les maquettes de navires du XIXe siècle au Musée de la Marine, somptueusement installé dans un bâtiment neuf ? Avons-nous encore besoin d’un département historique alors que le Musée historique d’Amsterdam a ouvert ses portes en 1975 ? Et ne pourrions-nous pas créer un musée-satellite, comme la Tate Gallery de Bankside ?"
Nouvelle approche
Le renouvellement de la muséographie est également à l’ordre du jour : "Bien que certains considèrent le fait d’accrocher une peinture dans le voisinage d’une sculpture comme une hérésie, une présentation mixte des collections de peintures et de sculptures est à l’étude, éventuellement en y intégrant les objets d’art. Nous pourrions également diviser nos collections : nos œuvres majeures seraient exposées avec faste dans les salles principales, les autres seraient présentées dans un esprit plus proche des collections d’étude". Autre priorité, le sort des collections de peintures des écoles étrangères, "très inégales" de l’aveu même de Ronald de Leeuw. Fait significatif, à l’exception d’un ensemble de peintures italiennes, toutes celles des écoles étrangères antérieures à 1800 ne sont pas exposées dans le département des Peintures, mais dans les salles d’arts décoratifs. "Sommes-nous prisonniers du passé ou pouvons-nous envisager, comme un nouveau directeur pourrait en rêver, une présentation plus spectaculaire de ces collections ?", interroge Ronald de Leeuw, qui a souligné à cette occasion combien il était difficile de débattre sereinement de ces questions dans un musée d’art ancien (le champ du Rijksmuseum s’arrête à 1914), au contraire des musées d’art moderne. Déjà, quelques changements sont intervenus avec l’acquisition d’aquarelles anglaises, d’estampes japonaises, de miniatures indiennes et de photographies du XIXe siècle. D’autres signes de cette nouvelle approche devraient suivre. Ainsi, jusqu’à aujourd’hui, une règle non écrite voulait que les expositions temporaires du Rijksmuseum reflètent ses collections permanentes, à savoir l’art néerlandais. "J’ai l’intention d’assouplir cette règle afin d’accueillir des expositions d’art ancien étranger qui se marient harmonieusement ou contrastent de façon significative avec nos collections", a conclu Ronald de Leeuw, manifestement décidé à marquer de son empreinte son passage à la tête du grand musée amstellodamois.
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L’avenir du Rijksmuseum
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°40 du 13 juin 1997, avec le titre suivant : L’avenir du Rijksmuseum