En France, l’avenir des Centres d’art est l’un des dossiers qu’ont à traiter le nouveau gouvernement et les nouvelles municipalités, sortis des dernières élections. Le Journal des Arts s’intéresse à deux expériences étrangères en matière d’art contemporain, les Kunsthalle allemandes et les institutions belges.
BRUXELLES (de notre correspondant) - La Flandre occupe dans le domaine de l’art contemporain une position essentielle par son dynamisme et par la mise sur pied d’institutions spécifiques qui ont acquis une réputation internationale. Au nord du pays, deux lieux voient converger vers eux l’essentiel de l’action en matière de création contemporaine : le Musée d’art contemporain de Gand et le Mukha à Anvers.
Avec Jan Hoet à sa tête, le Musée de Gand jouit d’une réputation internationale, confirmée par la dernière Dokumenta de Cassel. Parfois critiqué pour ses choix exclusifs, Jan Hoet s’est imposé comme une figure majeure du panorama culturel flamand, au point de constituer une des références médiatiques que la Communauté flamande met en exergue à chaque occasion. La situation de son institution n’est toutefois pas idéale. Avec son statut de musée communal, elle se voit écartée de la manne financière de l’État flamand.
En dehors d’acquisitions ponctuelles prises en charge par la Communauté flamande, le Musée d’Art contemporain de Gand, hébergé par le Musée des beaux-arts, doit vivre avec une faible dotation communale et un sponsoring toujours difficile à attirer sur le terrain de l’art contemporain. Ces conditions financières peu favorables expliquent en partie l’engagement politique de Jan Hoet aux côtés de la démocratie chrétienne, pourtant peu sensible à la création contemporaine.
Est-ce aux hasards de la politique communale que le musée doit sa destinée ? Il déménagera l’an prochain pour s’installer dans les bâtiments du Casino. Seul maître à bord, Jan Hoet pourra tester le réel impact public d’un musée d’art contemporain dont les collections sont riches, mais qui doit faire face à une gestion rigoriste, étant donné le faible taux de fréquentation.
Le Mukha
À Anvers, la situation du Museum voor hedendaagse Kunst témoigne des possibilités et des limites d’une politique muséologique en matière d’art contemporain. Ouvert en juin 1987, le Mukha, musée d’État géré sous forme d’association sans but lucratif (équivalent belge des associations françaises régies par la loi de 1901), jouit d’une dotation de 52 millions de francs belges accordée par la Communauté flamande. À côté du sponsoring et des ventes directes, cette subvention représente quelque 80 % du budget global du musée. Le Mukha accueille chaque année 50 000 visiteurs qui, pour près de 40 %, viennent des Pays-Bas dont le dynamisme en matière de création contemporaine n’est plus à démontrer.
Le Mukha, tout comme le Musée d’art contemporain de Gand, a réuni des collections qui retracent l’évolution de l’art contemporain depuis les années soixante-dix. Fruit d’acquisitions, de donations – dont la donation Gordon Matta Clark pour le Mukha – et de prêts permanents, ces collections regroupent chacune environ 500 pièces, qui constituent aussi un fonds pour des expositions thématiques.
Le rêve d’un Centre d’art
Du côté francophone, aucune institution de taille ne peut être comparée au Mukha ou au musée de Gand. Le mode d’exploitation du patrimoine a été organisé en fonction des disciplines : la bande dessinée à Bruxelles, la gravure et l’image imprimée à La Louvière, la tapisserie à Tournai, la photographie à Charleroi. À Bruxelles, l’administration de la Communauté française a créé un Centre d’art contemporain dont l’action est toutefois restée limitée.
Désignée arbitrairement comme capitale culturelle de la Wallonie, Mons devrait accueillir sur le site du Grand Hornu le Centre d’art contemporain de la Communauté française. Décidé il y a deux ans et confié à Laurent Busine, le projet semble enlisé dans les difficultés budgétaires d’une administration qui, à ce jour, n’a pas même les moyens de subvenir aux frais de fonctionnement d’un tel centre. Ne reste que la personnalité brillante de son futur directeur qui, à défaut de régner sur une institution, caresse un rêve…
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
L’avenir des Centres d’art... et celui de la Belgique
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°16 du 1 juillet 1995, avec le titre suivant : L’avenir des Centres d’art: … et celui de la Belgique