Après l’Angleterre, l’Écosse et les États-Unis, l’Australie vient de se doter d’une National Portrait Gallery, installée à Canberra dans l’ancien Parlement. Derrière cette réalisation se cachent les efforts conjugués de Gordon et Marilyn Darling, publiquement félicités par le Premier ministre John Howard lors de l’inauguration, le 4 mars. Histoire d’un projet privé en voie de devenir une institution nationale.
SYDNEY (de notre correspondant) - Lorsqu’en 1991 les Darling ont demandé conseil au directeur de la National Portrait Gallery de Washington pour créer un établissement similaire en Australie, Alan Fern leur a répondu : “Organisez une exposition avec les plus beaux exemples de portraits disponibles et faites-la voyager à travers le pays de façon à ce que les gens comprennent votre effort. Vous avez mentionné l’ancien Parlement… Si vous y trouvez un petit espace, même un placard à balais, prenez-le ! Le public fera le reste et en assura l’extension”. “Et, dans l’ensemble, conclut Gordon Darling, c’est ce qui s’est passé !”.
Avec le soutien des musées australiens, l’exposition “Des Australiens hors du commun” a sillonné le pays pendant quinze mois, en cinq étapes. Elle a servi de coup d’essai et a permis de définir au mieux l’attente du public. Son principal enseignement, explique Marilyn Darling, fut “qu’en Australie, une National Portrait Gallery devait être principalement contemporaine”. La presse et le public, observe-t-elle, s’intéressent davantage aux personnes vivantes. Contrairement à ses consœurs de Washington, Londres et Édimbourg, qui exigent – par peur des pressions – un délai minimum de dix ans entre la mort du modèle et l’acceptation du tableau, la National Portrait Gallery de Canberra accepte les sujets vivants. Une manière aussi d’attirer les dons et d’encourager les commandes, plus accessibles que les acquisitions.
Pour lancer l’opération, les Darling s’étaient engagés à verser 100 000 dollars australiens (environ 170 000 francs) par an les deux premières années, à condition que le gouvernement fournisse l’équivalent de son côté, ce qu’il a fait.
Un musée ambitieux
Il y a deux ans, la conjoncture s’est révélée favorable à la réalisation du projet : l’ancien Parlement était en cours de restauration pour les Jeux olympiques de l’an 2000 et la Fédération de l’Australie en 2001. “Le gouvernement avait besoin d’un aimant pour capter le public”, déclare Gordon Darling. Il estime que la création de la National Portrait Gallery a joué un rôle clé dans la rénovation du bâtiment, dont environ la moitié est occupée par le musée, le reste étant réservé aux visites guidées de l’ancien Parlement.
Dès que le gouvernement a alloué 2,3 millions (3,9 millions de francs) aux travaux de gros œuvre, le chantier de la National Portrait Gallery est passé à la vitesse supérieure. “Il y a un an, nous avons tenu notre toute première réunion du conseil d’administration, se souvient Marilyn Darling, désormais vice-présidente. À ce moment-là, nous ignorions qu’Andrew Sayers, alors directeur adjoint des collections de l’Australian National Gallery à Canberra, envisageait de devenir notre directeur”. En dix mois, Andrew Sayers et les sept personnes de son équipe ont non seulement supervisé la restauration d’un espace délaissé, mais également mis sur pied le parcours permanent et l’exposition inaugurale. La nature diamétralement opposée de ces deux installations complémentaires donne quelques éclaircissements sur l’avenir de cette institution nationale, relativement modeste, mais ambitieuse.
Alors que la collection permanente aborde le thème sous un angle traditionnel et populaire, en termes de représentation de personnes célèbres ou anonymes, la programmation temporaire s’attache plutôt à suivre des artistes dont le travail interroge ce que l’art du portrait pourrait être. À ce titre, l’exposition inaugurale, “Les possibilités du portrait”, paraît tout à fait emblématique. On pouvait notamment y voir les œuvres de Christian Boltanski, Mike Parr, Andy Warhol, John Beard, Nan Goldin, Thomas Ruff, Gerhard Richter, Lucian Freud, Robert Mapplethorpe, David Sequeira et Paula Dawson.
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L’Australie fait bonne figure
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°81 du 16 avril 1999, avec le titre suivant : L’Australie fait bonne figure