Musée

ENTRETIEN

L’association des conservateurs fête son centenaire

Catherine Cuenca, présidente de l’Association nationale des conservateurs du patrimoine et des professionnels des musées : « Concernant La démographie des conservateurs, nous sommes dans une période de transition »

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 21 octobre 2022 - 770 mots

L’Association nationale des conservateurs du patrimoine et des professionnels des musées (AGCCPF) organise du 18 au 21 octobre un colloque à Lens et à Lille avec un programme étoffé.

Catherine Cuena, présidente de l’Association nationale des conservateurs du patrimoine et des professionnels des musées © D.R.
Catherine Cuena, présidente de l’Association nationale des conservateurs du patrimoine et des professionnels des musées.
© D.R.

Cheffe de la Mission réseaux et recherches et de la mission nationale de sauvegarde et valorisation du patrimoine scientifique et technique contemporain au Cnam et à l’université de Nantes, Catherine Cuenca, conservatrice générale du patrimoine, assure depuis 2016 la présidence de l’Association nationale des conservateurs du patrimoine et des professionnels des musées et des autres patrimoines publics de France. 

Pourquoi organiser un colloque maintenant ?

Catherine Cuenca : Nous organisons ce colloque à l’occasion du centenaire de l’Association générale des conservateurs des collections publiques de France – le nom originel de l’association –, qui a joué un rôle très important dans l’histoire des musées depuis 1922. D’ailleurs, la loi musée 2002 à l’élaboration de laquelle nous avons participé célèbre son 20e anniversaire.

Quel premier bilan tirez-vous de l’élargissement en 2021 de votre association à tous les personnels des musées et du patrimoine ?

C. C. : La réforme de nos statuts a pris du temps, car nous sommes une association d’utilité publique depuis 1932, et aussi nous n’avons qu’un an de recul. Cette réforme était indispensable pour tenir compte de l’évolution des métiers qui y travaillent. Son officialisation, très récente, est intervenue en plein Covid, de sorte que nous n’avons pas encore beaucoup communiqué sur l’élargissement de l’association au-delà des conservateurs et attachés de conservation des musées. Ce colloque est une bonne occasion de mieux nous faire connaître. Notre nombre d’adhérents a un peu diminué en raison de la démographie de notre profession, nous avons aujourd’hui 350 cotisants mais nous sommes optimistes pour l’avenir.

Quelle est justement la démographie de la profession ?

C. C. : Une étude menée par Christophe Vital en 2020 a montré par extrapolation que le nombre de conservateurs, aujourd’hui de l’ordre de 430, a subi une forte hémorragie en raison des départs en retraite souvent remplacés par des collègues attachés de conservation, lesquels seraient selon nos calculs de l’ordre de 500. Nous sommes donc dans une période de transition avec une vague de départs en retraite et l’arrivée de jeunes dans la profession. Paradoxalement, alors que le nombre de musées territoriaux ne cesse d’augmenter, le Centre national de la fonction publique territoriale n’ouvre de concours d’attachés de conservation que tous les trois ans au lieu, il y a peu encore, de tous les ans. De trop nombreux élus pensent qu’un conservateur coûte plus cher qu’un attaché. Je ne suis pas certaine que ce soit un bon calcul à terme, puisque le grade d’attaché principal de conservation amène quasiment au même niveau de rémunération en fin de carrière qu’un conservateur en chef.

Votre association reste très discrète alors qu’on aimerait l’entendre quand des conservateurs ou des sujets muséaux font l’actualité. Pourquoi ?

C. C. : Je ne partage pas votre avis, on nous a beaucoup entendus avant le Covid, moins il est vrai pendant la crise sanitaire où nous avons été très mobilisés, notamment lors de la réouverture des musées. Nos structures en régions sont actives, ainsi, lors des journées d’études nationales en Auvergne-Rhône-Alpes, la presse a couvert l’événement localement. Nous nous sommes largement exprimés sur le sujet des restitutions lors de nos auditions au Sénat. Par ailleurs, nous avons un devoir de réserve qui parfois nous contraints dans notre expression.

Les Villes continuent à pointer le déficit en compétence managériale des jeunes conservateurs ; où en est-on de la formation des futurs directeurs de musée ?

C. C. : Les choses ont beaucoup progressé en la matière, avec la formation dispensée par l’Institut national des études territoriales dans le cadre de l’Institut national du patrimoine [INP]. Pour autant, nous ne sommes pas des administrateurs civils, notre premier métier c’est la gestion, la conservation et l’enrichissement des collections. Je reconnais qu’il y a là une difficulté, la solution passe par l’admission aux concours de futurs conservateurs ou attachés qui ont la fibre managériale (qu’ils vont développer sur le tas), à moins d’allonger peut-être la formation à l’INP… Nous regrettons que la formation des attachés de conservation ait disparu, mais l’accès au concours interne de l’INP est une voie très intéressante s’agissant de professionnels formés sur le terrain qui complètent cette formation par celle de cette école supérieure.

Quels sont les futurs enjeux de votre profession ?

C. C. : Je dirais, à titre personnel, que nous devons nous adapter, comme nous l’avons fait depuis vingt ou trente ans, aux grands enjeux de société que sont la transition écologique, l’accès à la culture, la prise en compte des minorités, car les musées font aujourd’hui partie intégrante du tissu sociétal.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°597 du 21 octobre 2022, avec le titre suivant : Catherine Cuenca, présidente de l’Association nationale des conservateurs du patrimoine et des professionnels des musées : « Concernant La démographie des conservateurs, nous sommes dans une période de transition »

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