L’Académie du spectacle équestre dirigée par Bartabas, le célèbre créateur du théâtre Zingaro, a élu demeure dans la Grande Écurie du château de Versailles, restaurée et réaménagée pour l’occasion. Après des années de déshérence, les écuries et le manège royal retrouvent enfin leur splendeur passée.
VERSAILLES - Situées en face du château de Versailles, entre les avenues de Saint-Cloud, de Paris et de Sceaux, les Grande et Petite Écuries furent édifiées par Jules Hardouin-Mansart entre 1679 et 1682 pour loger les quelque 600 chevaux du roi, ainsi que des écuyers, palefreniers, musiciens et pages. De même taille que la Petite, la Grande Écurie doit en réalité son nom au Grand Écuyer qui en assurait l’autorité. Elle abritait les chevaux de mains dressés pour la chasse ou la guerre et réservés à l’usage princier. Dans le cadre des grands travaux de l’établissement public du Musée et du domaine de Versailles, lancés par son président Hubert Astier en 1997 (lire le JdA n° 165, 21 février 2003), l’édifice a été restauré et réaménagé pour accueillir l’Académie du spectacle équestre dirigée par Bartabas, créateur du théâtre Zingaro. L’opération a coûté 2,2 millions d’euros. Au cours des siècles, les bâtiments ont subi de nombreuses détériorations, notamment à partir du milieu du XIXe siècle où ils furent affectés à l’Armée. Celle-ci évacua progressivement les locaux dans les années 1950-1960. Dire que son passage a défiguré la Grande Écurie est un euphémisme. Après un siècle d’abandon, elles furent entièrement restaurées, de 1958 à 1970, avant d’être affectées à diverses administrations, notamment les archives départementales et celles de la BNF (Bibliothèque nationale de France), jusqu’au déménagement de cette dernière sur le site Tolbiac. “Après le grand chantier de restauration des années 1970, qui a permis de sauver la totalité du bâtiment, nous n’avons malheureusement pas trouvé d’utilisation à la hauteur des écuries. Bartabas va enfin rendre à ces lieux leur vocation première, explique Frédéric Didier, architecte en chef des Monuments historiques, en charge de Versailles. Il a fallu dix ans de négociations pour qu’une telle idée soit acceptée : nous en étions arrivés à un stade où installer des chevaux dans la Grande Écurie paraissait saugrenu !”
Conçu pour le spectacle
Bartabas a confié la réalisation des aménagements de l’Académie à l’architecte Patrick Bouchain, avec lequel il travaille régulièrement et qui a notamment réalisé le Théâtre équestre d’Aubervilliers. Principal bâtiment de la Grande Écurie, entièrement reconstruit par l’architecte Charles Questel en 1855, le manège a été transformé avec un soin particulier. Il se décompose en deux espaces. D’une part, la scène, qui occupe les deux tiers de la surface, constituée d’un sol en tourbe ajouté au dallage existant, de deux coulisses habillées de miroirs (qui donnent l’illusion d’un espace plus vaste) et d’un décor peint. D’autre part, la salle, pouvant accueillir 800 spectateurs, véritable espace clos à l’intérieur du grand volume originel, avec ses propres structures (escaliers, balcons...) composées de planches en bois assemblées. Une série de poteaux cylindriques soutient les gradins fixes, tandis que la partie inférieure des étages peut être démontée et laisser place à une fosse d’orchestre. La partie centrale est également mobile afin de permettre les allers et venues des chevaux par la porte principale. “C’est une installation de spectacle qui relève de l’éphémère et s’apparente plus à un décor qu’à une architecture au sens propre du terme. J’ai simplement gardé les structures existantes et conçu tout autour, de manière à ce que la structure soit totalement réversible, commente Patrick Bouchain. Pourquoi ne pas penser l’architecture comme des décors qui ne durent qu’un temps ?” Les écuries ont, elles aussi, été réaménagées selon ce principe d’équipement provisoire, de “boîte dans la boîte déjà existante”.
Installée sur le site depuis le 25 février, l’Académie Bartabas est un centre de formation et de création artistique pour des cavaliers de haut niveau. Elle abrite vingt-huit chevaux dont s’occupent douze élèves. Les cinq professeurs qui les encadrent leur enseignent l’équitation, mais aussi le dessin et la sculpture, la musique et le chant, la danse et les arts martiaux sans oublier l’escrime.
Académie du spectacle équestre, manège des Grandes Écuries du Château de Versailles, 78000 Versailles, tél. 01 39 02 07 14. À voir : “Les matinales des écuyers”?, du mardi au vendredi 9h-13h, le week-end 11h-14h, tarif individuel 7 euros, moins de 18 ans 3,50 euros, groupe 5,50 euros.
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A l’assaut de Versailles
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°168 du 4 avril 2003, avec le titre suivant : A l’assaut de Versailles