Après de multiples affectations, la collection municipale d’art moderne et contemporain de la Ville de Rome a trouvé refuge dans un ancien couvent. Le musée reconstitue de façon cohérente les différentes étapes de l’histoire de l’art italien depuis un siècle, à l’exception du premier Futurisme, totalement absent, et de la production de l’après Deuxième Guerre mondiale, représentée de façon sporadique.
ROME - La Galerie municipale d’art moderne et contemporain est ouverte depuis le 24 janvier dans l’ancien couvent des Carmélites, via Crispi.
L’incroyable histoire des pérégrinations de la collection municipale d’art moderne commence en 1883, avec l’achat de quarante aquarelles du vedutiste romain Ettore Roeslmer Franz. Les acquisitions et les donations successives de Guglielmo De Santis, Rodin, Gemito, Tadolini, Ximenes, et de bien d’autres, posèrent à la municipalité le problème épineux du choix d’un lieu d’exposition pour toutes ces œuvres.
Après une installation provisoire à la Farnesina ai Baullari, qui abrite aujourd’hui le Musée Barracco, des présentations partielles eurent lieu au Capitole et au palais Caffarelli. À la veille de la guerre, 328 œuvres furent transférées à la Galerie nationale d’art moderne de Valle Giulia, qui rouvre aujourd’hui ses portes après une restauration de plusieurs décennies. Citons également, dans les années cinquante et soixante, des présentations fragmentaires au palais Braschi et au palais des Expositions.
La galerie possède des tableaux importants des XIXe et XXe siècles italiens, comme le triptyque Les Vierges sages et les vierges folles de G.A. Sartorio, ou À la fontaine de Nino Costa, deux œuvres essentielles pour comprendre la culture romaine de la fin du siècle dernier. Les vicissitudes de l’art italien de l’entre-deux-guerres sont évoquées de façon quasi exhaustive dans des œuvres capitales comme le Portrait du cardinal Decano de Scipion, les grandes Épouses des mariniers de Campigli, les toiles figuratives de Capogrossi, Démolitions ou Femmes qui se déshabillent de Mafai, les œuvres de Trombadori ou de Ferrazzi, ainsi que les natures mortes de Morandi et de Melli.
Une collection lacunaire
Cette collection recoupe le panorama de l’art italien présenté par la Galerie de Valle Giulia, et partage malheureusement avec cette dernière une absence totale d’œuvres du premier Futurisme italien et très peu d’œuvres des années cinquante. Mais jusqu’en 1945, les divers courants – du Préraphaélisme au Divisionnisme, de la Sécession aux années vingt, ainsi que, bien évidemment, toute l’École romaine – sont représentés, souvent par des chefs-d’œuvre. À présent, il faut attendre que le bâtiment définitif, l’ancienne brasserie Perroni de la Porta Pia, soit transformé en un musée moderne prêt à recevoir les 4 500 œuvres qui constituent l’important fonds de la galerie.
Dans le hall, au rez-de-chaussée, sont exposées des sculptures en marbre et en bronze des années trente, parmi lesquelles Le Semeur de E. Drei et Romulus de I. Griselli. Les sculptures de Gemito, Rodin, Ximenes, D’Antino, ainsi que les toiles symbolistes de Costa et Sartorio sont regroupées au premier étage. Plus loin, des "vedute" des paysagistes de la campagne romaine, Carlandi, Coleman et Ricci, ainsi qu’une sélection de tableaux du Divisionnisme romain, parmi lesquels des œuvres de Balla, Lionne, Innocenti et Noci.
La plupart des grands noms de l’art italien de notre siècle sont rassemblés dans le hall et dans les trois salles du deuxième étage : de De Chirico, Scipione, Funi, Casorati, Ferrazzi, Prampolini, Severini, Savinio, jusqu’aux plus jeunes générations, représentées par Afro, Guttuso ou Franchira.
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L’art moderne au couvent
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°11 du 1 février 1995, avec le titre suivant : L’art moderne au couvent