Musée

ART BRUT

L’art brut met un pied à Rome

Par Olivier Tosseri, correspondant en Italie · Le Journal des Arts

Le 6 octobre 2021 - 477 mots

ROME / ITALIE

Pour la première fois, un espace lié à ce courant artistique méconnu et peu considéré dans la Péninsule ouvre ses portes à Rome.

Josef Hofer appartenant à la collection Giacosa-Ferraiuolo. © Collection Giacosa-Ferraiuolo / SIC12 artstudio
Josef Hofer appartenant à la collection Giacosa-Ferraiuolo.
© Collection Giacosa-Ferraiuolo / SIC12 artstudio

Rome. SIC12 Artstudio a ouvert le 25 septembre dernier avec l’exposition « À Deux. L’art brut dans la collection Giacosa-Ferraiuolo » qui s’articule autour de trois noyaux thématiques : le désir de soi, le désir de l’autre, le désir d’être quelqu’un d’autre, en exposant une trentaine d’artistes représentatifs d’un courant longtemps considéré comme satellite de l’histoire de l’art. C’est toujours le cas en Italie et SIC12 Artstudio tente de combler cette lacune.

Alors que l’art brut dispose d’un musée à Lausanne et que le Centre Pompidou, suite au don de près de mille œuvres du collectionneur Bruno Decharme, lui consacrera une salle au sein de ses collections permanentes, le terme – par lequel le peintre Jean Dubuffet a désigné les productions de personnes exemptes de culture artistique – et le courant artistique sont ignorés en Italie. « Le regard qu’on porte sur lui est encore lié aux maladies mentales ou à un parcours de réhabilitation socio-professionnelle, alors que leur ignorance des règles de l’esthétique autant que des lois du marché peuvent nous servir de boussole en cette période de bouleversements », estime Gustavo Giacosa.

Acteur, metteur en scène et commissaire de la 3e édition de la biennale de l’art brut de Lausanne, Gustavo Giacosa s’évertue depuis près d’une décennie à le faire connaître et reconnaître. En 2012, la halle Saint-Pierre, à Paris, lui confie une exposition sur l’art brut en Italie qu’il intitule « Banditi dell’Arte ». Installé en France à Aix-en-Provence, Gustavo Giacosa crée avec le pianiste et compositeur Fausto Ferraiuolo une association : SIC12. Les deux hommes sont passionnés d’art brut qui les inspire dans leurs recherches sur le rapport entre art et altérité. En une quinzaine d’années, ils ont rassemblé près de huit cents œuvres d’art brut et contemporain d’Aloïse Corbaz, Carlo Zinelli, Franco Bellucci, Giovanni Galli, Roger Angeli, Éric Derkenne, Janko Domsic, Irène Gérard, Michel Nedjar ou encore Masao Obata.

Collectionneurs et passeurs

Le siège de la collection a désormais été fixé à Rome. « Elle n’est pas encyclopédique, explique Gustavo Giacosa, mais se déploie en toute cohérence autour de trois thématiques à l’origine de nos créations théâtrales et musicales : le jeu des miroirs et du dédoublement du moi ; le rapport entre le dessin et l’écriture ; le corps comme coffre-fort de la mémoire. Nous n’envisageons pas notre collection comme une série de tableaux accrochés au mur, mais comme une création, un objet artistique en devenir qui pourra être à l’origine de performances artistiques. Plus que collectionneurs, je préfère nous définir comme des passeurs. » Une transmission à travers ce centre d’exposition qui abrite également une librairie et qui accueillera des cycles de conférences. Actuellement association culturelle, il sera prochainement érigé en fondation avec, à l’avenir, la possibilité d’ouvrir le premier musée d’art brut en Italie.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°574 du 1 octobre 2021, avec le titre suivant : L’art brut met un pied à Rome

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