Le MusArc, premier musée d’Italie entièrement consacré à l’architecture, au design et à l’ingénierie avancée, a été inauguré le 14 juillet à Ferrare. Né d’une convention passée entre la municipalité, l’université et la faculté d’Architecture de la ville, il est installé dans la maison de Biagio Rossetti, restaurée grâce à la contribution du ministère italien de la Culture. L’architecte Maurizio di Puolo, son directeur, nous présente sa conception du musée et son programme.
Comment peut-on concevoir un musée de l’architecture ?
Cela n’est pas possible dans les formes traditionnelles, à l’image d’une pinacothèque classique. L’architecture ne se déplace pas. Les quelques expériences pour tenter une transplantation ont échoué. Il faut donc travailler l’exposition sur un discours décalé : l’image de l’architecture, le projet, le modèle, l’écriture et la critique, l’image en mouvement, et enfin le virtuel, c’est-à-dire tout ce qu’il est aujourd’hui possible de faire avec un ordinateur. Évidemment, l’émotion que l’on peut ressentir sur l’esplanade de Chandigarh ou face au Goetheanum de Dornach ne sera jamais restituée, mais nous voulons rendre compte de la variété et de la complexité du phénomène architectural.
Quel est le champ du MusArc ?
Il n’y a plus de séparation nette entre ingénierie et architecture, ni entre design et ingénierie. Prenez par exemple Calatrava, Starck ou Renzo Piano pour les contemporains. Mais, chez le Bernin, je me demande où finit le sculpteur et où commence l’architecte, le scénographe et l’urbaniste. Ces catégories sont nées au XIXe siècle. Il nous faut donc montrer tout ce qui, sur un plan critique, a quelque chose à voir avec le sujet. En somme, il faut vider tous les tiroirs du projet, y compris naturellement les rêves. Nous montrerons tout ce qui pourra être accroché au mur ou mis en vitrine, sur un socle ou projeté. D’autre part, nous utilisons également le virtuel : si quelqu’un veut visiter une villa palladienne inaccessible au public, il pourra le faire et trouver, sur un extraordinaire cédérom, toutes les informations ainsi que l’abondant appareil critique sur Palladio. Ce cédérom a été créé par le laboratoire d’informatique de la faculté d’Architecture, et il y en aura d’autres comme celui-ci, en consultation et en vente.
Il est question d’un musée d’architecture à Rome. Quelles relations pourront être instaurées avec le vôtre ?
Ce musée doit s’organiser, et je souhaite que la rénovation de la caserne de la via Guido Reni se fasse rapidement. Je suis aussi très favorable à l’installation du siège définitif, comme l’a prévu Giorgio Muratore, dans le Palais de la Scherma de Moretti, sur le Forum. Ce chef-d’œuvre absolu est en ce moment occupé par la salle “bunker” du Tribunal. Les relations entre des musées spécifiques doivent être exclusivement scientifiques. Puisque nous commençons les premiers, j’espère qu’ils pourront tirer profit de notre expérience et de nos erreurs.
Quel est le programme des activités du MusArc ?
Pour souligner le caractère international du musée, nous ouvrons avec une exposition assez complexe dont le titre est “Architecture/Musée”. Elle traitera du Guggenheim de New York et des matériaux de l’architecture italienne de l’après-guerre choisis pour la célèbre exposition “The Italian Metamorphosis”, ainsi que du nouveau Guggenheim de Bilbao. Les blueprints de chantier de Frank Lloyd Wright seront exposés pour le musée américain. Pour Bilbao, les dessins et maquettes d’étude de Gehry accompagneront les matériaux fournis par la PermaSteellisa, la firme italienne qui a réalisé l’extraordinaire “peau” de titane. La politique générale des activités du MusArc prévoit trois grandes expositions par an, intercalées avec des instant exhibitions d’une durée d’une ou deux semaines. Nous organiserons naturellement des conférences, des congrès et des présentations de livres, mais aussi une série d’ateliers sur les problèmes des musées et la conservation des matériaux.
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L’architecture au musée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°65 du 28 août 1998, avec le titre suivant : L’architecture au musée