D’un site arasé, les fouilles archéologiques ont mis au jour de nombreux objets liés à la vie quotidienne et de splendides mosaïÂques. Ces découvertes sont accompagnées de maquettes mises en situation par une scénographie raffinée mais souvent esthétisante.
Comment faire vivre des objets alors que leur environnement a disparu ? Le parti pris du conservateur en chef François Leyge et de Philippe Chaix, scénographe pour l’occasion, consiste à magnifier chaque découverte par un écrin ad hoc et à réaliser des maquettes pour reconstituer leur cadre originel. Ainsi, les mosaïques sont encastrées dans le parquet à l’aide d’un petit décrochement, les peintures murales sont enchâssées sur de très élégantes cimaises beiges.
De nombreux décors accompagnent ces fragments arrachés au site. Un bateau grandeur nature évoque l’importance du commerce. Mais le plus souvent, il s’agit de maquettes, comme celle des entrepôts des marchandises tranbordées à Vienne. Si la reconstitution est indubitablement minutieuse, elle relève davantage du travail du miniaturiste que du pédagogue : l’échelle est si réduite qu’on distingue fort mal les 1 000 personnages censés illustrer les activités portuaires.
Deux lectures
Une mezzanine permet de faire le tour de l’exposition rapidement et d’en avoir une vue plongeante. Elle mène à la mosaïque de Lycurgue, qui représente le roi de Thrace mourant étouffé par la nymphe Ambroisie changée en vigne. Ce vestige est mis en scène comme un véritable spectacle : entouré de gradins, éclairé par un maquis de projecteurs digne d’un plateau télévisé, il est agrémenté d’un commentaire et de musique, alors que la mosaïque, prétexte à un superbe délire d’arabesques pavées, se suffirait à elle-même.
Au rez-de-chaussée, on peut suivre en détail un parcours suivant quatre thèmes : la géographie de la ville, les activités économiques, le cadre de vie et la vie dans une maison romaine. Un parcours simple et aéré, mais dont le raffinement transforme chaque objet en œuvre d’art.
Musée archéologique de Saint-Romain-en-Gal, tél. : 04 74 53 74 00, tlj sauf lundi 9h30-18h, entrée 30 F.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
La vie quotidienne
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Le musée abrite aussi un atelier de restauration de 1 200 m2. Spécialisé dans les peintures murales et les mosaïques, il permet de traiter des surfaces de plus de 100 m2. Depuis son ouverture, antérieure au musée lui-même, ont déjà été restaurées 66 mosaïques, dont 33 provenant de la région viennoise. La dépose d’une mosaïque est faite en plusieurs étapes : il faut la fractionner en panneaux de 2 m2, puis encoller les tesselles et les arracher à l’aide d’une lame d’acier. Leur envers est ensuite nettoyé, recollé sur un support en nid d’abeille d’aluminium, à la fois léger et très résistant. Le dessin lui-même est à son tour décapé, et ses lacunes simplement comblées de manière à suggérer sans imiter, contrairement à ce qui se pratiquait au début du siècle.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°29 du 1 octobre 1996, avec le titre suivant : La vie quotidienne