CLICHY
Les élus d’opposition contestent la cession du bâtiment classé au chef Alain Ducasse qui veut y installer son siège social.
Le conseil municipal (DVD) de Clichy a voté, le 29 juin dernier, la cession de la Maison du Peuple dont la ville est propriétaire, au groupe Ducasse Paris, pour la somme de 2,1 millions d’euros, au grand dam de l’opposition de gauche et des associations de défense du patrimoine local.
La société du célèbre chef étoilé souhaite restaurer et réhabiliter cet édifice majeur de l’architecture moderne, classé Monument historique en 1983, qui, depuis son inauguration en 1939 et malgré trois campagnes de rénovation menées entre 1995 et 2005, se trouve dans un état de dégradation avancé : infiltrations d’eau, défectuosité des systèmes de chauffage, de ventilation et d’éclairage, vétusté du plancher et des menuiseries, etc. Au terme des travaux, l’acheteur entend y installer le siège social du groupe.
Le projet a reçu l’appui du ministère de la Culture, lequel a œuvré au rapprochement des différentes parties. « Il s’agit d’une très heureuse rencontre entre un projet, un monument historique et un territoire », explique Roselyne Bachelot dans un communiqué. « La ville de Clichy et le groupe Ducasse peuvent compter sur le soutien du ministère de la Culture, afin de les accompagner dans une démarche la plus respectueuse possible de ce bâtiment exceptionnel, concentré du génie architectural des années 1930 », ajoute-t-elle.
Érigée entre 1935 et 1939, la Maison du Peuple de Clichy est emblématique de l’architecture de la première moitié du XXe siècle et de l’ancienne « Ceinture rouge » parisienne – une expression utilisée pour désigner l’ensemble des villes de la petite couronne dirigées par des municipalités communistes (PCF) depuis les années 1920. Signé des architectes Eugène Beaudouin, Marcel Lods et les ateliers Jean Prouvé, le bâtiment est reconnaissable à son enveloppe métallique conçue avec la technique à l’époque révolutionnaire du « mur-rideau », à sa modularité et son toit-ouvrant.
La vente s’est heurtée à l’opposition de gauche – auteure de douze amendements, tous rejetés – qui dénonce, par la voix du conseiller municipal Ludovic Planté, « une privatisation pure et simple » menée « sans aucune concertation » d’un bâtiment qui « appartient aux Clichois ». L’élu déplore également que le projet actuel ne prévoit pas le maintien du marché de Lorraine – qui se tient trois fois par semaine dans les locaux de la Maison du peuple – lequel assure « le maintien du lien entre [le bâtiment] et la vie de quartier ».
Laurence Macé, présidente de l'association « Quartier Maison du Peuple » qui promeut un projet alternatif pour le site a également exprimé son mécontentement.
L’avenir de la Maison du Peuple de Clichy est, depuis près de trente ans, l’objet d’intenses tractations. Dans le cadre du concours « Inventons la métropole du Grand Paris », le conseil municipal avait donné son feu vert, en septembre 2019, à un projet immobilier porté par le groupe Duval et l’architecte Rudy Ricciotti qui recommandait la construction, au-dessus du toit de la Maison, d’une tour de 99 mètres pour y accueillir un restaurant, un hôtel quatre étoiles et des appartements de grands luxe. Face à l’émoi des Clichois, Franck Riester, alors ministre de la Culture, avait apposé son veto jugeant que la tour « dénaturerait le bâtiment ».
Le contrat de cession doit en principe être signé par les différentes parties au cours des six prochains mois.
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La vente de la Maison du Peuple de Clichy ne fait pas l’unanimité
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