La « terre de l’Or »

L’Égypte veut faire revenir les touristes

Le Journal des Arts

Le 19 décembre 1997 - 384 mots

Moins d’une semaine après le massacre de 58 touristes à Louxor, le Musée de Nubie, le plus moderne jamais construit en Égypte, a été inauguré le 23 novembre à Assouan par le président Hosni Moubarak, un appel implicite lancé aux touristes pour qu’ils reviennent dans ce pays.

ASSOUAN - L’ouverture a dû être reportée à plusieurs reprises, en raison du retard pris par les travaux entamés depuis deux ans et qui ont coûté 21 millions de dollars (environ 126 millions de francs) Construit sur une colline à degrés, l’architecture épouse la forme des rocs. Sur une superficie totale de 50 000 m2, les bâtiments occupent 7 000 m2 sur trois étages, le reste étant consacré aux jardins, au théâtre et à des espaces d’exposition en plein air. L’idée de ce musée de granit rose, de style nubien, remonte aux années soixante et à la campagne menée par l’égyptologue Christiane Desroche-Noblecourt et le ministre égyptien de la Culture de l’époque, Sarwat Okacha, pour sauvegarder les sites nubiens menacés d’être engloutis par les eaux du lac Nasser, formé par le Haut-Barrage d’Assouan que l’ancien président avait décidé de construire. L’Unesco avait alors entamé une campagne internationale pour sauver notamment l’immense temple d’Abou Simbel taillé dans le roc, en le découpant et en le transportant un peu plus loin des eaux. Au total, 17 temples ont été déplacés dans la région. Les populations nubiennes ont été transférées à partir de 1963 dans des villages construits près d’Esna et de Kom Ombo, avant que les eaux du lac n’engloutissent tout.

Voué à l’histoire méconnue de la “terre de l’Or”, Noub en égyptien ancien, l’établissement, qui dispose d’un système de sécurité sophistiqué, couvre toute l’histoire de la Nubie : préhistoire, Moyen Empire, royaume de Nubie, Nou­vel Empire, la XXVe dynastie en Nubie et l’ère des pyramides nubiennes. Riche d’une statue colossale de Ramsès II, les 17 salles exposent 5 000 pièces du patrimoine nubien, dont 2 000 découvertes durant la période de fouilles intensives qui ont précédé l’édification du Haut-Barrage et 3 000 qui étaient rassemblées dans les musées du Caire. Il abrite une maison nubienne reconstituée et montre des scènes de la vie quotidienne dans le sud de l’Égypte. La Nubie, où abondaient les mines d’or, avait été appelée la “terre de l’Or” par le géographe grec Strabon.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°50 du 19 décembre 1997, avec le titre suivant : La « terre de l’Or »

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