Après la restauration d’une partie de ses bâtiments, l’institution fondée en 1768 se dote d’un lieu d’exposition permanente.
LONDRES - Lancés il y a cinq ans, les travaux de modernisation de la Royal Academy of Arts, à Londres, permettent enfin à l’institution de se doter d’espaces d’exposition permanente. Jusqu’alors inaccessibles au public, les salles d’apparat de Burlington House – hôtel particulier de la fin du XVIIe siècle où siège l’institution depuis 1768 – ont retrouvé leur lustre passé après une complète restauration. Établissement privé, la Royal Academy a dû faire appel au mécénat pour ces opérations dont le montant total s’élève à 16 millions de livres sterling (24 millions d’euros). Les nouvelles salles, qui portent le nom du principal donateur John Madejski, dévoilent une architecture intérieure qualifiée de néopalladienne, style tirant son nom d’Andrea Palladio, architecte italien du XVIe siècle qui a réactualisé l’urbanisme antique. Au début du XVIIIe siècle, l’architecte Colen Campbell, s’inspirant des palais italiens, avait transformé le premier étage en une enfilade de pièces, tandis que le peintre William Kent, de retour d’Italie, avait réalisé deux plafonds, une décoration de voûte et quantité d’ornements en bois sculpté et plâtre lourdement dorés. Occultées à la fin du XVIIIe siècle, ces compositions décoratives censées rappeler les intérieurs baroques de Rome sont à nouveau visibles.
Au total, six pièces et un petit corridor permettent à la Royal Academy de présenter une partie de sa collection, riche de près de 900 tableaux (signés Reynolds, Gainsborough, Constable, Spencer ou Hockney), plus de 300 sculptures, 19 000 dessins, gravures et photographies, ainsi que des dessins d’architecture (6 000 pièces), moulages d’après l’antique (525), médailles, livres précieux, archives… Un ensemble hétéroclite donc, agencé de manière thématique afin d’évoquer différentes facettes de l’histoire de l’art britannique du XVIIIe au XXe siècle. Parmi les pièces majeures figurent 18 œuvres de Constable, notamment Leaping Horse (Cheval bondissant). Ancien salon, la salle Tennant expose une série de gravures de Turner, tandis que la salle Reynolds dévolue à l’art moderne et contemporain ne parvient pas à débarrasser la Royal Academy de son image traditionaliste, avec une majorité de peintures issues d’un courant anglais des années 1950, le « dream-reality » (réalité onirique). Parallèlement à l’ouverture de ces espaces permanents, la maison poursuit sa politique d’expositions temporaires, et accueille actuellement la rétrospective Vuillard présentée en 2003 au Grand Palais, à Paris (JdA n° 178, 10 octobre 2003).
Fondée à Londres en 1768 par un groupe de 32 peintres, graveurs, sculpteurs et architectes, la Royal Academy of Arts fut chargée de monter une école de formation professionnelle, de coordonner chaque année une exposition d’œuvres contemporaines et de distribuer des aides aux artistes indigents. L’institution fut installée à Burlington House après que le gouvernement obtint pour elle un bail de 999 ans en 1867. Sa collection est majoritairement constituée d’œuvres d’artistes membres. Lors de son élection, chaque académicien est invité à déposer une œuvre, à l’instar de Constable qui offrit L’Écluse (1826).
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La Royal Academy dévoile sa collection
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Abonnez-vous dès 1 €Piccadilly, Londres, tél. 44 20 7300 8000, www.royalacademy.org.uk, tlj sauf lundi, 13h-16h30 et 10h-18h le week-end. Rens. www.eurostar.com.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°189 du 19 mars 2004, avec le titre suivant : La Royal Academy dévoile sa collection