Faute de place, la National Art Library de Grande-Bretagne pourrait bientôt quitter le Victoria & Albert Museum et emménager dans l’ancien bâtiment du Public Record Office (Archives nationales), situé à proximité du Courtauld Institute. Soutenu par le conservateur de la bibliothèque, Jan van der Wateren, ce projet suscite l’opposition de la plupart des conservateurs du V & A, qui militent en faveur d’autres solutions.
LONDRES (de notre correspondant). Fondée dans les années 1830, la National Art Library est la plus ancienne bibliothèque publique d’art au monde. Riche de plus d’un million de livres et de périodiques, auxquels s’ajoutent un million de documents, elle envisage aujourd’hui de quitter le Victoria & Albert Museum (V & A). Ses 15 kilomètres de rayonnages ne suffisent plus et, au rythme annuel de 15 000 nouvelles acquisitions, 225 mètres de nouveaux rayonnages sont chaque année nécessaires. De plus, la salle de lecture ne dispose que de 84 places assises et se voit obligée de refuser du monde en période d’affluence. Ce manque d’espace a déjà contraint le département Archive of Art and Design à s’exiler dans un bâtiment situé dans l’ouest de Londres, Blythe House. Le départ de la bibliothèque permettrait au V & A de gagner des espaces d’expositions supplémentaires, faciliterait la circulation du public au rez-de-chaussée et donnerait à l’entrée du musée l’occasion de retrouver tout son lustre : la hauteur sous plafond originelle de 18 m avait été réduite à 5 m dans les années soixante pour aménager des espaces de stockage supplémentaires.
L’argent de la loterie
En cas de déménagement, c’est l’ancien bâtiment du Public Record Office, situé à proximité du Courtauld Institute, qui a le plus de chances d’accueillir la bibliothèque. Abandonnées depuis vingt ans par les Archives nationales – aujourd’hui installées dans un nouveau bâtiment à Kew –, les 240 chambres blindées de l’imposant édifice victorien de Chancery Lane ont enfin été libérées au début de cette année. Néanmoins, ce projet n’a pas la faveur des conservateurs du V & A, utilisateurs assidus de la bibliothèque, en dépit de la promesse de mettre en place un service quotidien de livraison entre le musée et les locaux de Chancery Lane. D’autres hypothèses sont donc à l’étude. La première consiste à occuper les puits de lumière du musée, mais les espaces ainsi gagnés seraient pleins au bout de huit ans. Seconde possibilité, affecter la totalité de l’aile Henry Cole à la bibliothèque et aménager le dernier étage en salle de lecture. Dans ce cas, les capacités maximales de stockage seraient atteintes en 21 ans. La dernière option est d’installer la bibliothèque hors du centre de Londres. Les problèmes d’espace seraient alors résolus, mais l’éloignement constituerait un handicap majeur pour la quasi-totalité des lecteurs. Ce projet est de surcroît évalué à 11,6 millions de livres, auxquels devraient sans doute s’ajouter deux autres millions pour l’acquisition du terrain, soit un total équivalant à plus du double du coût de la reconversion du bâtiment de Chancery Lane. Ce dernier étant la propriété de l’État, le V & A a déjà entamé des négociations en vue de payer un loyer symbolique, sachant que cette reconversion pourrait bénéficier d’une aide du Heritage Lottery Fund.
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La National Art Library se sent trop à l’étroit
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°38 du 16 mai 1997, avec le titre suivant : La National Art Library se sent trop à l’étroit