La Guildhall en attente

L’établissement londonien espère pouvoir rouvrir cet été

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 8 janvier 1999 - 530 mots

La Guildhall Art Gallery de la Ville de Londres devrait rouvrir ses portes en juillet, près de soixante ans après sa destruction par les bombardements du Blitz. La capitale anglaise pourra de nouveau admirer sa « collection cachée » – environ 3 500 œuvres liées à l’histoire londonienne –, à moins que les coupes budgétaires municipales n’empêchent de mener à bien le chantier de reconstruction et d’aménagement des locaux.

LONDRES (de notre correspondant) - La Guildhall Art Gallery sera-t-elle victime d’un blitz économique, à quelques mois de sa réouverture et cinquante-sept ans après sa destruction par les bombardements nazis ? Telle semble être l’inquiétude de certaines personnalités du monde de la Culture, alertées par les coupes budgétaires de 1,2 million de livres sterling (environ 11,2 millions de francs) qu’a subies le City’s Librairies, Art Galleries and Records Committee.

Cette décision avait soulevé un tollé de protestations en juillet dernier. Dans une lettre ouverte publiée par le Telegraph, divers signataires, parmi lesquels Alan Borg, directeur du Victoria & Albert Museum, expliquaient que si ces coupes budgétaires devaient continuer, elles affecteraient l’avenir de la Guildhall Art Gallery et pourraient même empêcher son ouverture. Officiellement, la Corporation of London, propriétaire de la vénérable collection (commencée dès le XVIIe siècle), ne partage pas ces inquiétudes, la reconstruction du musée étant presque achevée. Néanmoins, selon un porte-parole, elle avait récemment envisagé de vendre certains tableaux, pour finalement en abandonner l’idée.

Une histoire mouvementée
Il faut dire que le coût d’édification du musée – un bâtiment au revêtement de pierre conçu par Richard Gilbert Scott, petit-fils de Sir Gilbert – s’élève à quelque 100 millions de livres (près de 980 millions de francs). Or plusieurs projets de reconstruction, élaborés en 1955, 1960 et 1973, avaient été abandonnés, essentiellement en raison de contraintes financières. Mais, cette fois, il semble difficile de reculer. La structure temporaire bâtie en 1946, après la destruction totale de l’édifice construit en 1886, a été démolie en 1987 : elle n’offrait pas les conditions nécessaires à l’exposition et à la conservation de tableaux de valeur.

Sur le site, la découverte d’un amphithéâtre romain datant de 120 après J.-C. a ensuite repoussé le lancement des travaux pour permettre aux archéologues de terminer leurs fouilles de sauvetage. Certains vestiges de l’amphithéâtre romain seront apparents dans un sous-sol du nouveau bâtiment, mais il est peu probable que les visiteurs y aient accès une fois le musée ouvert au public.

Les étages supérieurs seront réservés aux bureaux de la Corporation ; l’étage principal comportera un espace d’exposition et des salles de réception, les étages inférieurs accueilleront les tableaux de petit format. L’œuvre vedette du nouveau musée sera le Siège de Gibraltar (1783) par Copley : pour recevoir ce tableau de 4,90 x 8,20 m, un mur d’une hauteur équivalente à celle de deux étages du bâtiment a été spécialement conçu.

Au total, 250 huiles sur toile et aquarelles seront présentées sur les 3 500 numéros que compte la collection, dont le noyau dur est formé d’un lot important d’œuvres signées Matthew Smith, de peintures victoriennes, de vues de Londres et de portraits de personnalités londoniennes. Certaines feront partie de l’accrochage permanent, mais la plupart seront exposées par rotation.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°74 du 8 janvier 1999, avec le titre suivant : La Guildhall en attente

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