Interrompu en 1970, le chantier de la restauration du Baphuon, la plus haute pyramide khmère, reprend ce mois-ci. Par ailleurs, l’Assemblée nationale cambodgienne devait voter une loi créant un établissement public, \"Apsara\", chargé de l’aménagement, de la conservation et du développement touristique du site d’Angkor.
PARIS - Sous la houlette de l’École française d’Extrême-Orient (EFEO), quelque 200 personnes vont travailler sur ce chantier, qui devrait durer six ans, selon l’architecte Jacques Dumarçay, maître d’œuvre des opérations. Il s’agit de restaurer les deuxième et troisième étages du Baphuon, aujourd’hui dans l’enceinte d’Angkor Thom. Le premier étage avait été restauré par Bernard-Philippe Groslier, qui avait entrepris l’anastylose du monument. Mais, en 1970, après le coup d’État du maréchal Lon Nol, l’architecte avait dû cesser ses travaux.
S’élevant à une quarantaine de mètres de hauteur, le Baphuon a été construit vers 1060 par le roi Udayâdityavarman II. "Voyant qu’au milieu du Jambudvîpa s’élevait la montagne d’or, demeure des dieux, il fit faire une montagne d’or au centre de sa propre ville, comme par émulation" : ce témoignage d’un ambassadeur chinois en dit long sur la splendeur du temple. On y accédait par une magnifique porte, gopura, à trois entrées cruciformes, avant de découvrir une pyramide s’élançant à travers trois gradins, de hauteur similaire, entourés de galeries.
Les gopura du second étage sont largement décorées de bas-reliefs illustrant la mythologie indienne. Au XVe siècle les moines bouddhistes ont transformé la façade ouest en un gigantesque bouddha couché. "La restauration laissera apparaître l’état du XIe siècle à travers celui du XVe", explique Jacques Dumarçay.
Outre les dommages du temps, le Baphuon a souffert de la guerre. Les Khmers rouges en avaient fait un observatoire militaire, y installant même un canon. Le chantier devrait coûter 30 millions de francs, hors la restauration du mur d’enceinte. Pour compléter les financements publics français, Jacques Dumarçay va créer une fondation, "Projet Baphuon", qui recevra des contributions de mécènes. En février, s’ouvrira un chantier école, destiné à former des Cambodgiens, première opération de ce type menée par l’EFEO.
Par ailleurs, l’Assemblée nationale cambodgienne devait voter une loi créant un établissement public, "Apsara", chargé de l’aménagement, de la conservation et du développement touristique du site d’Angkor et de Siem Reap. Placé sous la tutelle du ministre Vann Molyvann, il disposera d’un budget et d’une administration autonomes. Cet établissement public avait été proposé par le Comité de coordination, réunissant la France, le Japon et l’Unesco, qui a siégé, à nouveau, en décembre à Phnom Penh.
Selon Christian Dupavillon, coordonnateur de l’aide française pour Angkor, les permis de construire devraient être déposés d’ici trois mois. Les terrains concernés devraient être rachetés par l’État, qui les viabiliserait avant de les revendre à des aménageurs. Les hôtels envisagés ne devraient pas dépasser deux niveaux et être construits dans un style traditionnel.
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La deuxième renaissance du Baphuon
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°10 du 1 janvier 1995, avec le titre suivant : La deuxième renaissance du Baphuon