La Courtauld en v.o.

Le musée londonien retrouve son lustre d’antan

Le Journal des Arts

Le 23 octobre 1998 - 463 mots

La Courtauld Gallery rouvrira ses portes le 30 octobre, après une rénovation complète qui a permis à la fois de retrouver l’édifice conçu par Sir William Chambers en 1770, et de moderniser la présentation des œuvres et l’accueil du public. Une programmation ambitieuse d’expositions vient parachever ce chantier.

LONDRES (de notre correspondante) - “De beaux tableaux dans un musée lamentable”, entendait-on souvent dire à propos de la Courtauld Gallery, dans Somerset House. La suite des salles géorgiennes, refaites au goût clinquant des années quatre-vingt, était d’un bleu turquoise d’“époque” beaucoup trop voyant, la lumière crue des chandeliers se reflétait sur les tableaux plutôt qu’elle ne les éclairait, et des humidificateurs ronronnaient désagréablement dans toutes les pièces.

Après un an de travaux – et 2,5 millions de livres sterling financés par l’Heritage Lottery Fund –, la galerie retrouve le lustre que lui avait donné Sir William Chambers, lorsqu’il avait construit Somerset House pour le ministère de la Marine, en 1770. Travaillant à partir d’éclats de la peinture d’origine, les conservateurs ont atténué la couleur des murs et des moulures tarabiscotées des plafonds jusqu’à restituer, prétendent-ils, le mat des teintes de l’époque. Des planchers de chêne remplacent la moquette marron qui recouvrait le sol, et l’air conditionné se substitue aux humidificateurs. La Courtauld Gallery a en outre grandement amélioré la qualité de sa cafétéria. Mais la transformation majeure porte sur la mise en valeur des tableaux par un éclairage spécial et des spots d’ambiance.

Les collections sortent des réserves
Célèbres dans le monde entier, les toiles impressionnistes et postimpressionnistes – rentrées tout juste d’une tournée au Japon et au Canada – ont l’honneur de la Grande Salle au dernier étage. À l’étage inférieur, la collection des maîtres anciens, de Botticelli à Goya en passant par Rubens et Tiepolo, suit un parcours chronologique. Quant aux collections du début de la Renaissance, elles disposent maintenant de leur propre galerie, éclairée par des fenêtres à vantaux dans le style des châteaux de l’époque.

La Courtauld Gallery entend aussi mettre en valeur ses fonds méconnus. Des œuvres d’art décoratif autrefois gardées dans les réserves, comme les ivoires ou le travail des métaux islamique, seront à nouveau exposées, et la collection de majoliques présentée sous vitrines dans le hall d’entrée. Une nouvelle galerie accueillera des expositions temporaires, organisées autour de la collection de gravures et dessins de maîtres anciens, riche de quelque 34 000 œuvres.

La programmation pour 1999 est d’ores et déjà établie. Après l’exposition inaugurale des “Dessins de la collection Courtauld”, du 30 octobre au 24 janvier, l’œuvre gravé de Piranèse, Canaletto et Tiepolo aura la vedette du 11 février au 3 mai ; lui succéderont “La valeur de l’art”, du 27 mai au 30 août, et “La vision de l’art de Roger Fry” d’octobre 1999 à janvier 2000.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°69 du 23 octobre 1998, avec le titre suivant : La Courtauld en v.o.

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