Le Musée d’art contemporain de Téhéran poursuit sa réouverture progressive avec une exposition consacrée au Pop’art. Ouvert en 1977 par le Shah, le musée, fermé pendant vingt ans, commence à nouer des relations internationales en faisant circuler sa collection.
TÉHÉRAN - Maquillée, la Marilyn de James Rosenquist est une cible rêvée pour les fondamentalistes iraniens. Pourtant, accompagnée d’un portrait de Mick Jagger par Andy Warhol et d’œuvres de Dine, Johns, Lichtenstein, Rauschenberg ou Oldenburg, la toile est accrochée aux cimaises du Musée d’art contemporain de Téhéran, “toujours au service de la révolution islamique” et placé sous le contrôle du ministère de la Culture et du Conseil islamique. En effet, après l’Hyperréalisme (lire le JdA n° 75, 22 janvier), l’institution propose jusqu’au 22 janvier une exposition sur le Pop’art, poursuivant ainsi la politique de réouverture progressive de son directeur, Alireza Sami Azar. Par ailleurs, le prêt d’un important tableau de Picasso, Fenêtre ouverte sur la rue de Penthièvre (1920), pour l’exposition “Paysages intérieurs et extérieurs” au Musée Picasso de Barcelone, jusqu’au 30 janvier, prouve une volonté de développement des contacts internationaux.
Une réserve trésor
Stockées dans une réserve, rebaptisée “le Trésor’”, les trois mille œuvres acquises par le Shah et son épouse au cours des années soixante-dix sont restées quasiment invisibles durant une vingtaine d’années. Les plus grands noms de l’art moderne y figurent, dont Gauguin (Nature morte à l’estampe japonaise), Monet (Environs de Giverny, 1806), Toulouse-Lautrec (Fille de Montmartre), Pissarro (Maisons à Knokke), Derain (L’Âge d’or). Le musée de Téhéran posséderait également un Renoir de grande valeur, mais encore tabou car représentant une jeune fille à demi dévêtue. Dans les années quatre-vingt-dix, il avait envisagé de vendre les œuvres occidentales “inconvenantes” et échangé, il y a cinq ans, Woman III de De Kooning contre 118 illustrations du Shah-nameh de Shah Tahmasp (XVIe siècle), une œuvre inattendue pour un musée d’art moderne ! Placé en réserve pour des raisons de conservation, l’ensemble est exposé de temps à autre et, en juillet, vingt de ces feuilles ont été prêtées à l’étranger pour la première fois, au Musée des arts islamiques de Kuala Lumpur, pour six mois. L’accord a été conclu entre le Premier ministre malaysien et la République islamique d’Iran.
Téhéran avait failli se séparer récemment de Mural on Indian red ground, un Pollock majeur de 1950. Un acheteur nord-américain s’était montré intéressé, peu avant la rétrospective du peintre au MoMA de New York et à la Tate Gallery, en 1998-1999. L’établissement londonien souhaitait d’ailleurs emprunter le tableau à son hypothétique nouveau propriétaire. La transaction ne s’étant pas faite, le Musée d’art contemporain semble avoir renoncé à vendre des œuvres de sa collection.
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Icônes pop en Iran
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°93 du 19 novembre 1999, avec le titre suivant : Icônes pop en Iran