Si les valeurs sûres ont encore attiré en masse le public, l’année 2005 a été marquée par le succès des tournées de chefs-d’œuvre issues de collections européennes au Japon.
Pour la deuxième année consécutive, Tokyo domine notre classement mondial de la fréquentation des expositions temporaires. En 2005, « Hokusai », exposé au Musée national de Tokyo, a reçu près de 10 000 visiteurs par jour, soit le plus haut taux de fréquentation jamais enregistré dans notre palmarès créé il y a dix ans. La deuxième place est occupée par « Les trésors nationaux du temple Toshodaiji », toujours au Musée national de Tokyo, tandis que « Van Gogh dans son contexte », présenté dans ce même musée, arrive dixième avec près de 6 000 visiteurs quotidiens. Les expositions de Kyoto, Yokohama et Kobe figurent également parmi les dix premières au classement. Ce phénomène japonais s’explique notamment par la privatisation partielle des musées nationaux de ce pays en 2001. La mission scientifique a progressivement laissé place à la nécessité de générer des profits. Attiré par des campagnes de marketing agressives, le public est par ailleurs victime de cette affluence massive. Au Musée national de Tokyo, par exemple, la jauge de visiteurs est d’une capacité de 2 000 personnes pour une surface de 2 900 m2 ! Où est le plaisir des visiteurs, bousculés en permanence pour tenter d’apercevoir un coin de tableau ? Avec plus de 6 500 visiteurs par jour pour son exposition « Van Gogh », le Metropolitan Museum of Art, à New York, n’a pas souhaité dévoiler sa capacité limite d’accueil dans une surface trois fois plus petite qu’à Tokyo…
Le visiteur d’aujourd’hui serait-il rebuté par la foule ? Ce panorama démontre que 234 expositions ont attiré plus de 1 000 personnes par jour, soit une baisse de 6 % par rapport à l’an dernier. Le lien de cause à effet est toutefois impossible à démontrer.
Méthodologie
Plus de 800 musées internationaux ont été contactés pour établir ce palmarès. Certains n’ont pas souhaité nous fournir de chiffres, ce malgré des demandes réitérées. Le classement est organisé selon le taux de fréquentation quotidien. Les chiffres sont le résultat de la division du nombre total de visiteurs par le nombre de jours d’ouverture. Les expositions achevées après le 31 décembre 2004 figureront dans notre classement 2005. Beaucoup d’institutions limitent à un seul billet l’accès à l’ensemble du musée et ne calculent pas la fréquentation spécifique à chaque exposition. Nombre d’entre elles n’ont pas été retenues, comme le Mori Art Museum, à Tokyo, qui laisse l’accès libre aux expositions et à la plate-forme d’observation située au sommet du building.
TOP TEN DE L’art contemporain . New York s’affiche comme le centre international et incontesté pour l’art contemporain, en recensant près des trois quarts des expositions les plus visitées. La réouverture récente du MoMA a joué. L’attrait de la nouveauté, à laquelle s’ajoute un tarif d’entrée incluant la visite des expositions temporaires, explique la suprématie de l’institution new-yorkaise. Daniel Buren a créé l’événement avec sa transformation du Musée Guggenheim, à New York, tandis qu’« Africa Remix » au Centre Pompidou, à Paris décroche timidement la dixième place du classement.
TOP TEN DES Antiquités et de l’art médiéval . L’Égypte, toujours l’Égypte. La colossale exposition « Toutankhamon » à Los Angeles et à Bonn, et « Pharaon » à Paris, à l’Institut du monde arabe, confirme la passion du public pour l’histoire et la mythologie égyptienne, illustrées ici par les plus belles pièces du Musée du Caire. Ferveur nationale encore au Japon, où les « Trésors nationaux du temple Toshodaiji » ont attiré plus de 400 000 tokyoïtes, venus admirer le temple de Nara en partie recréé avec ses reliques et ses objets d’art, ainsi qu’un bouddha vieux de douze siècles.
TOP TEN DE L’ART du XIXe siècle . Les visiteurs japonais se sont pressés en masse – près de 10 000 visiteurs par jour ! – pour admirer les estampes d’Hokusai, peintre de fierté nationale et inspirateur de l’art impressionniste. Grand succès japonais également pour les chefs-d’œuvre du Louvre en visite à Yokohama et Kyoto. Habitués du classement, Vincent Van Gogh et Claude Monet se partagent les honneurs de ce tableau, avec respectivement deux et trois expositions. En Grande-Bretagne, à Londres, comme en France, à Paris, « Turner Whistler Monet » est l’exposition la plus visitée de l’année. Enfin, Cézanne et Pissarro ont fait les meilleurs jours du Museum of Modern Art (MoMA) à New York, en attendant les chiffres du Musée d’Orsay…
TOP TEN DE La peinture ancienne . Les expositions monographiques de « valeurs sûres » ont porté leur fruit, à l’instar du Caravage et de Raphaël à la National Gallery of Art de Londres, de Goya à l’Alte Nationalgalerie à Berlin et de Véronèse au Musée du Luxembourg à Paris. Mais le grand gagnant du classement est l’exposition des chefs-d’œuvre de l’Île aux Musées à Berlin, qui a encore une fois séduit en nombre les Japonais. L’année 2006 fête le 400e anniversaire de la naissance de Rembrandt Van Rijn avec de multiples expositions à travers le monde ; le succès obtenu par ses portraits religieux tardifs à Los Angeles et à Washington en 2005 laisse déjà augurer d’un bon cru 2006.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Fureurs japonaises
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°235 du 14 avril 2006, avec le titre suivant : Fureurs japonaises