Les efforts considérables engagés à Rome pour le Jubilé ne doivent pas occulter les politiques de réhabilitation entreprises par d’autres cités italiennes. Ainsi, Florence s’efforce, à côté de ses monuments les plus célèbres, de mettre en valeur d’autres ouvrages jusqu’ici peu considérés.
FLORENCE (de notre correspondante) - Depuis plusieurs années, Florence, avec l’accord de la Surintendance pour les biens architecturaux, a engagé un projet de longue haleine afin de restaurer les bâtiments les plus significatifs de la ville. L’intervention à l’intérieur de l’église du Carmine, commencée en 1997 et achevée récemment, en constitue un bon exemple. Jugée d’un intérêt mineur par rapport au joyau que renferme l’église – la chapelle Brancacci ornée des fresques de Masaccio –, elle avait été négligée et abandonnée à la poussière pendant des décennies. Maintenant qu’ont été nettoyées les parois de la nef, du transept et du chœur, les stucs et les lunettes des baies vitrées, le Carmine a enfin retrouvé sa place parmi les principaux monuments de l’architecture baroque florentine. De grands lustres du XVIIIe siècle, découverts par hasard, éclairent à nouveau les splendeurs des stucs patinés et des enduits.
Dans l’église de Santa Maria Novella, les travaux de restauration ont en revanche débuté depuis peu, après que P.T. Color, Cellini et Deco Art eurent remporté l’appel d’offres pour un total de trois milliards de lires (10,2 millions de francs). Ils prévoient le nettoyage de toutes les parois , y compris les parties sculptées – tombeaux et autels –, la rénovation du système électrique de l’église et celle du musée, ainsi que le remplacement du système d’alarme installé il y a six mois sous la Trinité de Masaccio : caché sous un tapis pour des raisons esthétiques, il s’est révélé sensible à l’humidité. Le plan prévoit également de déplacer le Crucifix de Giotto, actuellement en restauration au laboratoire de l’Opificio delle Pietre Dure, afin de fabriquer un montant métallique adapté à ses dimensions monumentales. De plus, la Surintendance pour les biens culturels, avec le concours de l’Ente Cassa di Risparmio, à hauteur d’un demi-milliard de lires (1,7 million de francs), a également décidé de restaurer la chapelle funéraire de Filippo Strozzi et de sa famille. Les infiltrations de pluie ont rendu nécessaire la restauration du cycle de fresques exécuté par Filippino Lippi entre 1494 et 1502, représentant des scènes de la vie de saint Philippe et de saint Jean l’Évangéliste. Les travaux concernent également les vitraux et le tombeau de Filippo Strozzi réalisé par Benedetto da Maiano entre 1491 et 1493, placé au-dessus de l’autel.
À la fin de l’année commencera une enquête préventive sur l’état de conservation de la façade et de la tour du Palais de la Seigneurie afin de planifier d’éventuelles interventions urgentes. À l’intérieur, est également prévue la restauration des fresques de Salviati dans la salle de l’Audience et de celles de Ghirlandaio dans la salle des Gigli. Enfin, avant 2000, les nouveaux éclairages du Musée de Santo Spirito, où est conservée la collection Romano, seront achevés.
A la Villa di Castello, non loin de Florence, d’importants travaux de restauration sont en cours dans la grotte des Animaux, dite aussi grotte du Déluge. Invention de goût typiquement maniériste, elle a été conçue comme une célébration symbolique de l’harmonie introduite dans l’univers par Cosme de Médicis et constitue l’un des fleurons de ce jardin en terrasses, réalisé en 1537 d’après un plan iconographique complexe du célèbre Tribolo (1500-1558), architecte, sculpteur, ingénieur et spécialiste des jardins à qui le duc avait également fait appel pour Boboli et la Villa La Petraia. Tout l’appareil décoratif de la grotte a été nettoyé, et les parties manquantes, comme les coquillages des niches, réintégrées. Les stalactites, les éponges et les animaux fixés sur une structure en brique par des pivots ont été consolidés, certains pivots ayant parfois dû être remplacés par des éléments en inox. Par ailleurs, la rénovation du système hydraulique alimentant les magnifiques jeux d’eau est en cours, avant leur remise en marche dans le courant de l’année.
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Florence dépoussiérée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°82 du 30 avril 1999, avec le titre suivant : Florence dépoussiérée