Avant la construction d’un barrage, des fouilles de sauvegarde ont été menées sur le site de Tell Halula, dans le nord de la Syrie, par une mission espagnole. Celles-ci ont été exceptionnellement fructueuses puisque des silhouettes peintes voici 8 500 ans ont été mises au jour. Jusqu’à présent, les plus anciennes représentations humaines connues au Proche-Orient étaient les fresques de Çatal Huyuk, plus récentes de 1 000 ans, découvertes dans les années soixante en Anatolie centrale.
BARCELONE (de notre correspondante). Menacé d’inondation par la construction prochaine du barrage de Tchrine, dans la vallée de l’Euphrate, le patrimoine archéologique de la région bénéficie d’une campagne internationale de sauvegarde. Une mission espagnole de l’Université autonome de Barcelone y participe, sous la direction de Miquel Molist. “Cette mission contribue de manière significative à la connaissance des premières sociétés d’agriculteurs-éleveurs du bassin méditerranéen sous tous leurs aspects : économiques, technologiques, sociaux et culturels”, estime le professeur Molist. Énumérant les principales découvertes de ses sept campagnes, il ajoute : “Tell Halula est l’un de ces sites exceptionnels, où l’on peut constater la domestication progressive des chèvres, des moutons, des bovidés et des porcs. Le rempart, de 4 mètres de haut et 30 mètres de long, est à l’évidence l’architecture monumentale la plus archaïque du Proche-Orient. Sans compter les nombreux objets archéologiques qui vont permettre d’apporter une importante documentation sur le mode de vie de ces communautés”. Mais c’est lors de la dernière campagne, achevée en novembre, qu’a eu lieu la découverte la plus exceptionnelle. Il s’agit de silhouettes féminines schématisées, peintes il y a 8 500 ans, qui seraient les premières représentations humaines peintes au Proche-Orient. “Les peintures ont été découvertes sur le sol de la pièce principale de l’une des habitations, à une profondeur correspondant au néolithique précéramique, et ont une superficie de 1,5 x 1,2 m. C’est un symbole rectangulaire entouré, de manière organisée, par plus de 20 silhouettes de deux sortes : les unes, représentées de face, soulignent les formes, poitrine et hanches, propres à la fécondité ; les autres, plus schématiques, sont de profil.” La raison pour laquelle elles ont été peintes sur le sol et non sur les murs demeure un mystère.
Neuf sépultures dans une habitation
Une spécialiste a été chargée de procéder à la consolidation préventive des peintures afin de pouvoir les extraire et les transporter au Musée archéologique d’Alep, où leur restauration définitive doit être effectuée. Les “Femmes de Tell Halula” seront exposées au public en septembre, avec les découvertes antérieures. “D’autres découvertes importantes ont été faites lors de cette campagne. Un ensemble de neuf sépultures regroupées à l’intérieur d’une autre habitation atteste que les vivants partageaient leur espace vital avec les morts”, explique Miquel Molist, en rappelant que les prochaines fouilles doivent commencer cet été et durer moins de trois mois. “Avant que le barrage de Tchrine ne recouvre tout de ses eaux, nous pourrons encore réaliser deux campagnes”, conclut-il.
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Femmes de Tell Halula
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°55 du 27 février 1998, avec le titre suivant : Femmes de Tell Halula