Cambrai

Faire sans défaire

Le Journal des Arts

Le 1 novembre 1994 - 401 mots

Le Musée municipal, qui n’avait pu installer définitivement ses collections dans un lieu sûr et modernisé, vient de rouvrir. Commencés en 1992, les travaux ont coûté environ 37 millions de francs, financés aux trois-quart par l’État et la région.

CAMBRAI - Il s’agissait de conserver la lisibilité des deux bâtiments préexistants : le bel hôtel particulier XVIIIe de Francqueville, édifié entre cour et jardin selon le schéma parisien, et le salon Carré XIXe. Un constuction sobre et grise des architectes Jean-François Bodin et Thierry Germe relie les deux édifices.

3 000 m2 supplémentaires sont ainsi créés. Rien n’a été oublié. L’accueil, les salles d’animation et le spectacle audiovisuel font désormais partie intégrante du musée. Celui-ci comprend trois départements : l’archéologie, le patrimoine de Cambrai et les beaux-arts, déployés sur cinq niveaux. Par la présence de trois escaliers – deux modernes et un escalier d’honneur gardé –, et des "ambiances colorées", le parcours des salles devient varié et vivant.

Sous les voûtes des anciennes caves de l’hôtel de Francqueville, sont présentées dans des vitrines-cubes les collections archéologiques, de la préhistoire aux Mérovingiens. On peut voir ainsi un dépôt Campana, des poteries bucchero d’Étrurie, et le mobilier funéraire gallo-romain et mérovingien provenant des fouilles de la région. L’originalité réside dans la salle d’ostéo-archéologie, peut-être un peu aride au premier abord, mais qui a le mérite d’appréhender de manière anthropologique les hommes du VIIe siècle à travers leur développement, leurs maladies et leur alimentation.

Le niveau -1 rassemble les œuvres du patrimoine cambrésien. On remarquera les très belles sculptures romanes avec une gracieuse danseuse-caryatide et un tympan du XIIe siècle, Pyrame et Thisbé. La collection d’albâtres de la fin du XVIe siècle est unique en France et provient de la cathédrale gothique de Cambrai, aujourd’hui détruite.

Elle constitue, avec l’impressionnant jubé en pierre bleue restauré et remonté, le point d’orgue de cette salle colorée. Aux étages est exposée la peinture des Pays-Bas et des Flandres et le XIXe siècle d’Ingres à Carolus Durand. La présentation de la sculpture XIXe (Camille Claudel, l’Abandon) et XXe s’appuie sur de nombreux dépôts du Centre Pompidou et du Musée Zadkine en particulier.

Une exposition sur la sculpture figurative contemporaine veut montrer actuellement que, tout en renouant avec son patrimoine, le Musée de Cambrai ne se ferme pas pour autant à la création d’aujourd’hui.

Musée de Cambrai, 15, rue de l’Épée, 59400 Cambrai, tél. : 27 82 27 90

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°8 du 1 novembre 1994, avec le titre suivant : Faire sans défaire

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