Prato, dix ans plus tard

Entretien avec Bruno Corà

Un bilan du Centre d’art Luigi Pecci

Le Journal des Arts

Le 8 janvier 1999 - 639 mots

Le Centre d’art contemporain Luigi Pecci, à Prato, fête cette année ses dix ans. L’événement est célébré par une exposition organisée par Bruno Corà, « 10 Intensités en Europe ».

PRATO (de notre correspondante) - Sous l’impulsion de son premier directeur Amaron Barzel, le Centre d’art contemporain Luigi Pecci a été inauguré il y a dix ans avec “Europe aujourd’hui”, une exposition qui réunissait trente-trois artistes internationaux. Ce cycle s’achève aujourd’hui avec dix personnalités sélectionnées par Bruno Corà, reconduit dans ses fonctions de directeur artistique, qui entame ainsi sa seconde saison d’expositions. Les artistes représentatifs de ces dix intensités sont Miroslaw Balka (Pologne), Jean-Pierre Bertrand (France), Pedro Cabrita Reis (Portugal), Richard Deacon et Shirazeh Houshiary (Angleterre), Magdalena Jetelová (République tchèque), Reinhard Mucha (Allemagne), Jaume Plensa (Espagne), Remo Salvadori (Italie) et Franz West (Autriche).
Après des débuts brillants, l’activité du musée a traversé une période plus sombre en raison d’un problème complexe de compétences financières. Les choses ont heureusement changé. Depuis juin, le centre d’art a un nouveau statut, un nouveau directeur administratif – Daniele Liberanomi – et un nouveau président – Italo Moscati, auteur d’essais et ancien journaliste, qui a travaillé dans les domaines du cinéma, du théâtre, de la télévision. Bruno Corà et Italo Moscati s’expriment sur le bilan de ces dix ans et le futur du “Pecci”.

Bruno Corà, comment pourrait-on résumer l’histoire du “Pecci” ?
Je crois savoir que le musée a été lancé avec beaucoup d’enthousiasme et une dotation financière qui permettait un excellent départ. Par la suite sont apparues des difficultés économiques qui en ont empêché le fonctionnement régulier, et ont abouti à la suppression par la conservatrice Antonella Soldaini du poste de directeur artistique, alors occupé par Ida Panicelli. Lorsque je suis arrivé, en 1995, on m’a demandé de redresser le musée, passablement terni après ses débuts éblouissants. Mais, pour lui redonner son éclat, il fallait un budget garantissant une programmation artistique régulière. Je suis alors parvenu à constituer un “forum” d’entreprises qui ont un engagement financier annuel. Le nouveau budget pour la programmation artistique se monte maintenant à environ 1,2 milliard de lires (4 millions de francs) par an, répartis entre la municipalité et les sources privées.

Quels ont été vos choix artistiques ?
Ma programmation s’oriente sur la déclinaison d’une base historique et critique qui donne au musée une crédibilité à la fois nationale et internationale. J’ai montré quels avaient été les deux fondements de l’histoire récente, Burri et Fontana, dans lesquels j’ai appelé à se reconnaître une série d’artistes comme Fabro, Castellani, Kounellis et d’autres. Je leur ai demandé de justifier mon choix, et ils m’en ont pleinement donné acte à leur tour, de manière différente. Le “Pecci” s’était positionné comme le lieu de l’actualité, mais il pouvait aussi, à la longue, s’appuyer sur du vide. Le musée avait une collection qu’il fallait exposer et agrandir. D’autre part, il fallait également garder le contact avec les réalités intellectuelles et artistiques de la région. C’est pourquoi j’ai ouvert, avec la direction de la Culture, un axe relié à la réalité locale intitulé “Irradiations”. Avec Florence et Pistoia, nous avons aussi le projet commun de créer une zone métropolitaine pour l’art contemporain, une idée que la Région a adoptée. Nous venons de signer l’accord entre les trois municipalités, et les programmes que nous allons partager sont déjà à l’étude.

Quelle a été et quelle sera la politique d’acquisition ?
Malgré le manque de fonds, la collection a maintenant son lieu, ouvert au public, et elle fera l’objet d’une rotation tous les huit mois, de façon à exposer toutes les œuvres sur trois ans. Pour ce qui est des nouvelles acquisitions, nous cherchons à favoriser les donations et les dépôts temporaires d’artistes. Pour sa part, la famille Pecci a acheté l’œuvre de Sol LeWitt déjà en dépôt. Toutes les acquisitions sont choisies par le directeur artistique.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°74 du 8 janvier 1999, avec le titre suivant : Entretien avec Bruno Corà

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