Longtemps absente du Musée national d’art de Catalogne (Mnac), la photographie est entrée dans l’institution en 1996 sous l’impulsion de son directeur, Eduard Carbonell. Alors que le musée présente une histoire de la photographie en Catalogne, ce dernier, en poste depuis 1995, explique ses choix pour la création et la gestion d’un fonds qui doit combler son retard.
Quand et comment la photographie a-t-elle commencé à être partie prenante des missions du Mnac ?
La photographie devait intégrer le musée à la place qui lui revenait : au même niveau que les autres disciplines, au côté des départements d’art roman, gothique, renaissant, baroque et moderne. J’ai demandé à David Balsells une proposition pour la création d’un département de photographie, à partir d’une étude rigoureuse des structures internationales et de son expérience en tant que directeur de la Primavera Fotográfica. En avril 1996, le Patronat du musée a approuvé la proposition de Balsells et lui a commandé la création du nouveau département. Quand la question de la répartition des collections entre le Mnac et le Musée d’art contemporain de Barcelone (Macba) s’est posée, il a été décidé que nous conserverions les œuvres jusqu’aux années quarante-cinquante. Mais pour la photographie, la séparation aurait été absurde. En accord avec le Macba, nous assumons la responsabilité de la photographie comme partie intégrante du patrimoine culturel de la Catalogne.
Quels étaient les objectifs du département de photographie du Mnac à sa création ?
Son objectif fondamental était de réunir une collection permanente représentative de l’histoire de la photographie en Catalogne, cela n’aurait eu aucun sens d’entreprendre le travail réalisé par des musées qui fonctionnent depuis plus de 50 ans. En commençant par la récupération, la restauration, la recherche et la diffusion de la production artistique catalane, nous avons la possibilité de devenir un point de référence internationale ; sans exclure l’élargissement de notre champ d’action à des artistes nationaux et internationaux.
Comment la collection s’est-elle formée ?
Le noyau de la collection est constitué des photographies acquises par le Fonds d’art de la Generalitat. Elles ont été présentées par David Balsells à la 8e édition de la Primavera en 1996 sous le titre d’“Imágenes”. Au cours de la première étape, il était nécessaire de définir une politique adéquate, orientée vers l’enrichissement du fonds selon deux provenances : d’un côté les dépôts et les donations, et de l’autre une série d’acquisitions visant à combler les vides. Nous avons contacté les héritiers de certaines collections de photographies historiques, et leurs réponses ont été très positives. Dès la première année de fonctionnement du département, ces pièces ont été montrées dans l’exposition “Primer Acto. La Fotografía en el Museo”, qui a réuni une sélection des œuvres les plus significatives des photographes Emili Godes, Otho Lloyd, Josep Masana et Joaquim Pla Janini. Ce sont les quatre premières collections entrées au musée.
Comment la photographie s’intégrera-t-elle dans la muséographie définitive ?
Le Mnac est consacré à tous les arts. La photographie entre donc dans ce discours et dans le fonctionnement général du musée, au même titre que les autres disciplines. Pratiquement, les œuvres jusqu’aux années cinquante seront intégrées au discours même du musée, et les plus récentes auront leurs propres salles d’exposition. De plus, des expositions temporaires de photographies sont prévues dans la programmation annuelle. Par ailleurs, toutes les activités habituelles d’un musée sont concernées : conservation et restauration, édition de publications, de livres et de catalogues, organisation de séminaires, conférences et rencontres. En relation avec le fonds photographique, la Bibliothèque générale d’histoire de l’art élargira son domaine à la photographie.
Après votre nomination, vous avez réussi à rouvrir en un temps record les départements d’art roman et gothique. Malgré des divergences entre la Mairie et la Generalitat sur le financement du musée, la deuxième partie des travaux a-t-elle pu commencer ?
Ils ont repris à la fin du mois de janvier, et nous souhaitons qu’ils ne s’arrêtent plus. La troisième partie du financement, celle du ministère, manque, mais il faut espérer que lorsqu’elle sera nécessaire la situation sera éclaircie. Nous sommes en train de réaliser la consolidation de la surface sur laquelle reposera le deuxième étage. Au total, 5 milliards de pesetas (environ 195 millions de francs) sont nécessaires. Si nous n’avons pas d’imprévu, le musée pourrait être complètement achevé début 2002.
- UNE INTRODUCTION À L’HISTOIRE DE LA PHOTOGRAPHIE EN CATALOGNE, jusqu’au 25 juin, Musée national d’art de Catalogne, Palais national de Montjuïc, Parc de Montjuïc, Barcelone, tél. : 34 93 622 03 60, www.mnac.es, 10h-19h du mardi au samedi, 10h-14h30 les dimanches et fêtes.
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Eduard Carbonell : Collection en construction
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°106 du 26 mai 2000, avec le titre suivant : Eduard Carbonell : Collection en construction