ÉDIMBOURG / ROYAUME-UNI
Les travaux longs et coûteux pour rafraîchir les espaces des National Galleries d’Écosse valorisent une collection nationale jusque-là négligée.
Édimbourg (Écosse). Après sept ans de travaux, les salles consacrées à l’art écossais des National Galleries d’Écosse ont rouvert leurs portes. Le projet avait pour objectif d’améliorer leur accessibilité, mais aussi d’attirer les visiteurs vers une collection jusque-là boudée. « Moins de 19 % des visiteurs se rendaient dans cette partie du musée », souligne Tricia Allerston, co-directrice du projet.
Si cette réouverture est plus tardive que prévu, le résultat est efficace. L’entrée du musée par les jardins de Princes Street avait été transformée lors d’une première phase de travaux achevée en 2019. Cette nouvelle entrée oriente naturellement le visiteur vers les salles de la collection d’art écossais par une grande ouverture donnant directement sur les œuvres de la collection. Mais pour trouver les maîtres internationaux du musée, l’accès s’en trouve beaucoup moins aisé : par un escalier en colimaçon ou un ascenseur caché sur le côté. L’espace d’exposition a, en outre, doublé, passant de 450 m2 à 925 m2, auxquels s’ajoutent les 140 m2 d’espace d’introduction.
Le musée a fait le choix surprenant d’une exposition antéchronologique. « Nous avons fait des études et avons constaté que les peintres écossais les plus connus étaient les plus récents, de la période qui va de 1800 à 1945. Il s’agit des coloristes écossais, Charles Rennie Mackintosh ou le groupe des Glasgow Boys », explique Tricia Allerston.
Le confort de la visite a aussi été amélioré. La circulation est plus fluide, les espaces sont plus larges, avec un dénivelé sans escalier pour ne pas créer de rupture. Le parquet et les fenêtres donnant sur les magnifiques jardins du centre d’Édimbourg apportent de la fraîcheur à ces salles, en comparaison des moquettes usées et des salles plus sombres du reste du musée. Un beau travail de lumière a aussi été effectué pour valoriser les peintures et gommer tout reflet, à l’exception des quelques tableaux en vis-à-vis des fenêtres.
Les choix d’accrochage soulignent la volonté de rendre ces peintures plus accessibles. Alors que le musée est construit au-dessus de la voie ferrée de la ville, le début de la collection se trouve juste au-dessus du passage des trains (les visiteurs peuvent même en ressentir les vibrations à intervalles réguliers), est occupé par des salles plus basses. « Elles ne pouvaient pas être plus hautes, explique Tricia Allerston. Nous avons décidé d’exposer de grands tableaux, des paysages notamment et de laisser suffisamment d’espace entre eux pour permettre au public de “rentrer pleinement dans la peinture”. Ils sont placés plus bas qu’ils ne l’auraient été à l’époque où ils ont été peints. C’est peut-être moins imposant mais plus intimiste, et c’est ce que nous recherchions. »
Il s’agit aussi de donner plus de cohérence à la collection écossaise, notamment en rassemblant certains tableaux éparpillés dans le musée, restés dans les réserves, ou peu valorisés, comme l’immense Christ Teacheth Humility de Robert Scott Lauder (1847).
Différentes sections du musée, comme autant de petites chambres séparées, cherchent aussi à mettre en relief le travail des artistes écossaises. Un mur est, par exemple, consacré aux broderies détaillées de Phoebe Anna Traquair, (The Progress of a Soul). Au début du parcours, sont exposés les dessins et les esquisses de Margaret Macdonald Mackintosh, pionnière du style Glasgow. Un petit espace au milieu du musée accueille des expositions plus courtes de dessins, d’aquarelles, de photographies anciennes ou de gravures.
Le parcours se termine par les peintures des paysages majestueux des Highlands tels qu’ils étaient rêvés à l’époque victorienne, des hommages à l’écrivain Walter Scott et le flamboyant cerf d’Edwin Landseer, The Monarch of Glen (1851).
« Avec ce projet de rénovation, nous avons décidé de transformer l’expérience de la visite des National Galleries d’Écosse et de présenter la plus grande collection d’art écossais au monde avec une fierté et une ambition réelles », a déclaré John Leighton, le directeur général du musée. Mais valoriser le patrimoine national n’a rien eu d’une sinécure. Le bâtiment, inscrit au patrimoine de l’Unesco, date du XIXe siècle et comporte plusieurs ajouts de la fin des années 1960. Il repose aussi sur une butte, appelée le Mound. « Une étude de faisabilité avait eu lieu en 2012 pour un projet plus ambitieux », retrace Tricia Allerston. Après plusieurs permis de construire, les travaux ont commencé en 2016, avant d’être ralentis par les défauts de construction des rajouts plus récents et les effets de la pandémie de Covid.
Le coût total du projet s’est élevé à 38,6 millions de livres sterling [44,3 M€] alors qu’en 2015, le budget avait seulement été évalué à 15,2 millions. Il a été financé par le gouvernement écossais (15,2 millions de livres), le National Lottery Heritage Fund (6,8 millions de livres) auxquels se sont ajoutés plus de 16 millions de livres sterling obtenus par le biais d’une campagne de collecte de fonds.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Édimbourg fait briller l’art écossais
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°622 du 1 décembre 2023, avec le titre suivant : Édimbourg fait briller l’art écossais