Entièrement détruite par les bombardements anglo-américains du 13 février 1945, comme le centre historique baroque de Dresde, la crypte de la Frauenkirche est de nouveau ouverte au public, tandis que la reconstruction de l’église devrait s’achever en 2006.
DRESDE - Consacrée en 1736, la Frauenkirche renaît littéralement de ses cendres. Il y a trois ans, elle n’était encore qu’un amas de pierres laissées sur place en mémoire des 250 000 habitants de Dresde qui ont trouvé la mort dans les bombardements de février 1945. Les recherches menées sur le site ont permis de comptabiliser 8 500 pierres provenant des façades écroulées. Une fiche précisant l’endroit où chacune d’entre elles avait été trouvée, sa forme, sa dimension et son état, a été établie systématiquement. Ces pierres ont été réutilisées à chaque fois que cela était possible, tandis que les pierres trop endommagées ou manquantes étaient remplacées par de nouvelles, taillées dans du calcaire de la région. Noircies par deux siècles de pollution et l’incendie de 1945, les pierres d’origine contrastent avec les nouvelles pierres et offrent un témoignage visible de la destruction de la ville. Les fouilles ont mis au jour des catacombes, dans lesquelles a été aménagée une crypte dont l’autel moderne vient d’être installé, large bloc de pierre noire sculpté par l’artiste britannique Anish Kapoor.
À l’extérieur, les travaux de reconstruction de l’église se poursuivent, et ses murs massifs devraient atteindre une hauteur de 7,5 mètres au mois d’avril. L’intérieur, jusqu’au niveau du dôme, devait être achevé en l’an 2000. Une couverture temporaire permettra alors d’y célébrer les offices. La grande coupole de pierre de 90 mètres de haut devrait être achevée en l’an 2006, pour le 800e anniversaire de la fondation de la ville.
La reconstruction du grand bas-relief de Christian Feige représentant le Christ au mont des Oliviers, ainsi que la reconstitution de la grande fresque de la voûte du dôme, les Quatre évangélistes par Johann Grone, seront au nombre des tâches les plus complexes. Enfin, lors de la toute dernière étape de la reconstruction, une grande croix de 6 mètres de haut, avec son globe, sera hissée en haut de la coupole. La croix d’origine, en fer forgé, a été retrouvée parmi les ruines : tordue et partiellement fondue, elle sera conservée à l’intérieur de l’église en souvenir des victimes des bombardements.
Signe de réconciliation
En signe de réconciliation, la fondation britannique Dresden Trust offrira une réplique de la croix, pour laquelle elle a déjà recueilli 300 000 livres (2,5 millions de francs), et le duc de Kent a offert aux autorités de l’église un tableau représentant la future croix. La reine d’Angleterre a fait un don personnel, souhaitant ainsi faire oublier le tort qu’avait causé la décision de la reine mère de faire élever à Londres un monument à la mémoire de "Bomber" Harris, en 1992… Les artisans anglais réaliseront la croix et le globe sous la supervision de l’architecte londonien Peter Nadini. Elle devrait être achevée à la fin de 1997 et sera exposée dans quelques cathédrales européennes – en commençant certainement par Saint-Paul et Coventry –, afin de promouvoir la reconstruction de la Frauenkirche. À l’origine, le coût total des travaux avait été évalué à 250 millions de deutschemarks (850 millions de francs), mais cette estimation sera sûrement dépassée. En Allemagne, 170 millions de deutschemarks (580 millions de francs) ont déjà été rassemblés.
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Dresde se souvient
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°31 du 1 décembre 1996, avec le titre suivant : Dresde se souvient