Le Belge Mark Van Moerkerke inaugure fin juin un espace à Ostende pour abriter les œuvres d’art contemporain qu’il réunit depuis dix ans.
OSTENDE - De plus en plus de collectionneurs belges cherchent à compenser l’absence ou la faiblesse des institutions d’art contemporain dans leur pays. Les méthodes varient d’un amateur à un autre. Certains soutiennent financièrement des structures comme le centre d’art contemporain Wiels à Bruxelles. D’autres ouvrent des espaces privés, à l’instar de Walter Van Haerents, lequel a inauguré son lieu en mars à Bruxelles. Fin juin, ce sera au tour de Mark Van Moerkerke de déposer une partie de sa collection dans un ancien bâtiment d’une superficie de 750 m2 à Ostende.
Cet amateur âgé de 55 ans s’exprime sans détours, à l’image du Light Box de Sam Durant sur lequel on peut lire : « Tell it like it is » (Dites-le tel que c’est). L’entrepreneur débute ses achats voilà dix ans, pour « décorer » les bureaux des villages de vacances Sun Parks. Grâce au galeriste Patrick De Brock (Knokke), il passe du stade de la décoration à celui de la collection. Le virus pour l’art le conduit à devenir sponsor du S.M.A.K. (Stedelijk Museum voor Actuele Kunst) à Gand, à partir de 1999. Il y rencontre Peter Doroshenko, éphémère directeur de ce musée qu’il engagera pendant neuf mois comme consultant.
Sur rendez-vous
Grâce à Doroshenko, il s’oriente vers Chiho Aoshima, Anton Henning ou Vladimir Dubossarsky & Alexander Vinogradov. « Je suis quelqu’un qui ne se pose pas trop de questions, j’aime les choses qui améliorent ma qualité de vie, déclare Mark Van Moerkerke. En tant que chef d’entreprise, je suis confronté à des problèmes. Dans ma passion, je n’en cherche pas. J’aime être épaté, je suis très “Disney” finalement ! »
Construite sur des coups de cœur, sa collection brasse huit cents œuvres, du grand carrousel de Carsten Höller présenté dans l’exposition « La Belgique visionnaire » (Palais des beaux-arts, Bruxelles, 2005) à la page froissée du Financial Times de Wang Du, vue au Palais de Tokyo (Paris, 2004-2005), d’Ed Ruscha à Tony Matelli en passant par Wim Delvoye. Cet ensemble comporte aussi une forte section photo, notamment avec Wolfgang Tillmans et Candida Höfer. « On m’a dit que je devais passer le peigne sur ma collection car, parmi les huit cents œuvres, il n’y a pas que des œuvres extraordinaires. Mais elles ont fait battre mon cœur, observe le collectionneur. Je n’ai vendu que quatre pièces depuis le début. J’essaye de ne pas entrer dans la mode ; je n’ai pas acheté les Chinois ou l’école de Leipzig, je ne suis pas un spéculateur. Je ne veux pas gagner ma vie dans l’art. »
Chez lui comme dans son bureau, les œuvres sont renouvelées environ tous les deux mois. Mais très vite, l’homme se confronte au manque d’espace pour déployer les pièces plus volumineuses. D’où l’achat en 2005 d’un bâtiment ayant appartenu à l’armée allemande. Après avoir songé à un architecte international pour donner une griffe à l’édifice, le collectionneur opte pour une architecture plus modeste et fonctionnelle, segmentée en quatre modules. Mark Van Moerkerke, qui n’avait jamais montré sa collection, accepte désormais de la déflorer sur rendez-vous. « L’ouvrir entièrement au public, c’est se présenter au public. Je veux le faire plus discrètement, ne pas asséner mon goût ou mes préférences à des gens qui penseraient que je veux en imposer », précise l’intéressé. Le collectionneur souhaite aussi offrir le lieu aux artistes pour qu’ils y développent des projets spécifiques. Dernier atout de cette initiative : « Cela donne une autre dimension à un collectionneur. On sait que si on investit dans un espace, on n’est pas du genre à disparaître de la circulation dans six mois ! »
Contact : elke@collectionvanmoer
kerke.be
Depuis 2006, le Musée de Louvain-la-Neuve s’est enrichi de quelque 2 000 œuvres, en majorité des peintures de l’art belge du XXe siècle. Fruit de quarante-cinq années d’acquisitions, la collection de l’historien de l’art et ancien galeriste Serge Goyens de Heusch a en effet rejoint les cimaises de ce musée universitaire, après avoir fait les beaux jours de la Fondation pour l’art belge contemporain, ouverte en 1981 à Bruxelles. Cette donation offre un panorama de l’art comptant plus de deux cents artistes belges, de Pierre Alechinsky à Pol Bury, pour les plus célèbres. Elle met aussi l’accent sur des mouvements méconnus tels que le fauvisme brabançon ou la Plastique pure des années 1920. Sophie Flouquet Serge Goyens de Heusch, Art belge au XXe siècle, collection de la Fondation pour l’art belge contemporain, éd. Racine, 2006, 535 p., ISBN 102-87386-461-3
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Donner une autre dimension à une collection
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°257 du 13 avril 2007, avec le titre suivant : Donner une autre dimension à une collection