La communauté archéologique internationale a récemment appris l’existence du plus grand cimetière inca jamais découvert sur le sol péruvien. Entrepris il y a trois ans, le chantier a mis au jour des momies par milliers. En parfait état de conservation, elles seraient accompagnées, selon l’archéologue chargé des fouilles, de plus de 50 000 objets divers.
LIMA (de notre correspondant) - Datant de la dernière période inca, peu avant la colonisation espagnole, quelque 2 200 momies pour la plupart décorées de plumes et de coquilles provenant d’Équateur ont été découvertes au Pérou avec des objets estimés au nombre de 50 ou 60 000. Grâce au climat désertique de la côte péruvienne, certaines d’entre elles conservaient encore leurs yeux, leur peau et leurs cheveux. Selon l’archéologue péruvien responsable des fouilles, Guillermo Cock, “la valeur de la découverte n’est pas tant dans les objets trouvés que dans l’information qu’ils nous permettront d’obtenir sur la société inca. Nous avions toujours pensé que l’État inca fonctionnait presque comme une superstructure. Par son court développement – son expansion a commencé au XIVe siècle et s’est brutalement conclue avec la conquête espagnole au XVIe siècle –, on pensait que son influence culturelle était très faible dans la population”. Avant le départ des momies au Canada et à Lima pour de plus amples études, l’archéologue a pu constater que “tous les objets ont été nettement influencés par la production inca. Aussi, nous pensons que la population, en plus d’obéir au pouvoir, en assumait la culture et qu’un large processus d’intégration avait commencé”. À la périphérie de Lima, dans le quartier d’Ate-Vitarte, le cimetière occupe une zone urbanisée arbitrairement à partir de 1989. Baptisée Tupac Amaru par ses habitants, ce bidonville est le résultat des migrations rurales provoquées par le centralisme économique de la capitale et par la violence terroriste dont le pays est victime. Malgré les trésors archéologiques que le terrain recèle (le nombre de momies est estimé à plus de 10 000), l’Institut national pour la Culture (INC) a été dans l’incapacité de déclarer l’espace “zone protégée”. La campagne commencée il y a trois ans sous la direction de Guillermo Cock a rapidement manqué de fonds ; aussi, la National Geographic Society a-t-elle partiellement financé les fouilles, tandis que les habitants de Tupac Amaru ont surveillé le chantier contre les pilleurs appelés “huaqueros”. En outre, les occupants des lieux – qui par ailleurs craignent l’expulsion – ont, selon le journal El Comercio, soutenu le projet à hauteur de 115 000 euros, soit un tiers des subventions totales accordées à l’opération.
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Des momies par milliers
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°150 du 31 mai 2002, avec le titre suivant : Des momies par milliers