Derrière la fontaine

L’Institut national d’art graphique s’installe au Palazzo Poli

Le Journal des Arts

Le 22 septembre 2000 - 597 mots

Après vingt-cinq ans de gestation et grâce aux subventions du Jubilé, l’Institut national d’art graphique va enfin voir le jour. Rassemblant les activités de la Chalcographie et du Cabinet des estampes, il occupera le Palazzo Poli – sur lequel est adossée la fontaine de Trevi – restauré à cette occasion. L’exposition inaugurale prendra pour thème les vues de Rome du XVe au XIXe siècle.

ROME (de notre correspondant) - Conçu en 1975 pour rassembler les activités de la Calcografia et du Gabinetto per le Stampe, le projet d’Institut national d’art graphique arrive enfin à son terme. Le Gabinetto vivait un exil doré à la Farnesine, malgré un âpre contentieux avec le propriétaire des lieux, l’Accademia dei Lincei. Aujourd’hui, les restaurations du Palazzo Poli, nouveau siège de l’Institut, sont achevées. L’inauguration, en présence du ministre pour les Biens et les Activités culturels, aura lieu le 28 septembre avec l’exposition “Roma veduta”, un ensemble d’œuvres sur papier et de vues panoramiques de la ville du XVe au XIXe siècle, en attendant le prochain transfert définitif des bureaux et des fonds de dessins et d’estampes restés à la Farnesine.

Alors que le Palazzo della Calcografia, un édifice néoclassique de Giuseppe Valadier, voit le jour dans la première moitié du XIXe siècle, pour abriter dignement la Calcografia Camerale de l’État pontifical, le Palazzo Poli a une histoire plus ancienne et tourmentée. Le bâtiment comprend la partie rescapée du Palazzo Ceri, passé en 1678 aux Poli qui entament aussitôt une interminable série d’agrandissements et d’annexions des structures voisines. En 1888, pour sauvegarder la fontaine de Trevi qui s’étend sur la façade du palais, la municipalité de Rome en ordonne l’expropriation. Revenu à des personnes privées, il est racheté par l’État italien en 1978 et destiné à l’Institut national d’art graphique, notamment à cause de son emplacement contigu au Palazzo della Calcografia. Après de longs travaux de consolidation financés par le Fio (Fondi Investimento e Occupazione), l’Institut élabore dans les années quatre-vingt-dix, un projet de compromis entre les exigences d’un musée et la sauvegarde du monument. Grâce aux subventions pour le Jubilé, les travaux débutent enfin en mars 1998 pour un montant total d’environ 30 millions de francs. En plus de l’achèvement des interventions structurelles, dont certaines fondamentales comme la jonction entre les deux immeubles, tous les dépôts pour la réunion des collections de dessins et d’estampes ont été réalisés. D’autre part, les espaces destinés au public, en particulier les salles réservées aux expositions temporaires, ont été réhabilités de manière fonctionnelle, et l’ex-salle Dante de la rue de la Stamperia restaurée pour abriter la salle de consultation et la bibliothèque.

Du plan Strozzi de 1474 à une vue de Rome pendant le siège de 1849, une toile de 120 mètres de long exécutée pour l’Exposition universelle de 1883, l’exposition « Roma veduta » (jusqu’au 28 janvier 2001) couvre quatre siècles d’histoire urbaine. Parmi les œuvres les plus importantes, on compte les plans de Rome « à vol d’oiseau » de Pirro Ligorio, Mario Cartaro et Antonio Tempesta, le plan de Giovanni Maggi composé de 48 matrices xylographiques pour le Jubilé de 1625, celui de Giambattista Falda de 1676, et le Panorama de l’âme de Rome (1765) de Giuseppe Vasi. Sans parler de la cité baroque modelée par les entreprises architecturales des papes du XVIIe, illustrée par les inventions d’Israel Silvestre et de Van Wittel. Le parcours se termine sur le nouveau plan monumental de Rome pour le Jubilé 2000. L’œuvre, en neuf plaques de cuivre gravées au burin et à l’eau-forte suivant les méthodes traditionnelles, reproduit une fantaisie architecturale de Riccardo Tommasi Ferroni.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°111 du 22 septembre 2000, avec le titre suivant : Derrière la fontaine

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