Lors d’une visite en Angleterre, le ministre grec des Affaires étrangères, Georges Papandreou, a tenté de renégocier le retour des frises du Parthénon. En 1941, les Britanniques avaient subordonné leur restitution à la construction rapide d’un musée destiné à les accueillir. Mais depuis vingt-cinq ans, les projets succèdent aux projets. Un nouveau concours d’architecture doit être organisé cette année.
ATHÈNES - En 1976, un premier concours, réservé aux architectes grecs, échoue, après que le jury n’ait décerné que les troisième, quatrième et cinquième prix à des projets jugés insatisfaisants. En 1979, les résultats ne furent pas meilleurs. En 1986, un troisième concours, international cette fois, est organisé et, en 1989, 438 architectes venus de quarante pays présentent leurs plans. En 1990, les architectes italiens Manfredi Nicoletti et Lucio Passarelli reçoivent le premier prix, mais le concours est déclaré nul par le Conseil constitutionnel qui soupçonne le jury de ne pas avoir respecté le principe d’anonymat. Satisfait des lauréats, le ministère commande toutefois en 1992 des plans détaillés aux Italiens, qui, faute d’un cahier des charges exact, se voient dans l’obligation de refaire leurs plans pour un espace non pas de 35 000 m2, mais de 10 000 m2. Onze ans plus tard, les plans finalement terminés, la construction peut commencer. Las, des découvertes archéologiques retardent les travaux.
L’organisation du concours et le choix du projet italien avaient déjà suscité un mouvement de protestation au niveau international, conduit par l’historien de l’art Kenneth Frampton, soutenu par l’Association des architectes grecs. Une lettre adressée au ministre de la Culture Evangelos Venizelos, et signée par vingt-deux architectes (dont David Chipperfield, Michael Graves, Steven Holl, Richard Meier et Richard Rogers), demande l’annulation du projet : “On ne peut imaginer projet plus inapproprié pour les frises du Parthénon que celui-ci, [...] les aménagements intérieurs rappellent davantage un supermarché qu’un musée.” La lettre insistait notamment sur la divergence entre la superficie du bâtiment proposé et celle du site de construction, le relogement inévitable de 150 familles, la décision – prise après coup – de construire une station de métro, et l’importance indéniable du site archéologique. Kenneth Frampton termine sa lettre en qualifiant le dossier de départ “d’aberrant”.
“Cette situation est complètement absurde pour la simple raison qu’il n’y a pas de programme. Il aurait fallu organiser un symposium international avec des architectes, des urbanistes, des sociologues, etc. [Le ministère] aurait dû s’interroger sur la réelle nécessité d’un tel musée”, déclare Christos Papoulias, un des plus influents architectes grecs. Il travaille depuis quatorze ans sur un projet de remplacement pour le nouveau Musée de l’Acropole. En novembre, le ministère de la Culture a officiellement ratifié l’annulation du projet et a rendu publique la décision de l’Oanma (Organisation for the Construction of the New Acropolis Museum, fondée par le Parlement en 1995) d’organiser un quatrième concours. Selon l’organisme, cinq à quinze candidats seront présélectionnés et les résultats annoncés début 2001.
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°108 du 30 juin 2000, avec le titre suivant : De projets en projets