Alors que l’accès à Pompéi se restreint, d’autres sites archéologiques intéressants s’ouvrent à la visite, tel celui du Monte Jato, en Sicile. Habité depuis l’époque préhistorique jusqu’au Haut Moyen Âge, il conserve des vestiges importants de la cité grecque de Iaitas.
SAN CIPIRELLO. Dans l’un des sites archéologiques les plus intéressants de la Sicile occidentale, sur le Monte Jato, à une trentaine de kilomètres de Palerme, vient d’être inauguré un parc institué par la surintendance des Biens culturels et de l’Environnement, en collaboration avec les municipalités de San Cipirello et de San Giuseppe Jato. Habitée sans interruption depuis l’époque préhistorique jusqu’au Haut Moyen Âge, lorsque la ville fut rasée par Frédéric II, la région du Monte Jato fait l’objet depuis 1971 de campagnes archéologiques régulières. Les fouilles, menées par le professeur Hans Peter Hisler, de l’Institut d’archéologie de l’université de Zurich, ont mis au jour une partie de l’habitat de l’ancienne ville grecque de Iaitas, citée par des historiens de l’Antiquité comme Diodore de Sicile et Pline : sa position stratégique lui avait permis de jouer un rôle épisodique durant la première guerre punique (264-241 av. J.-C.).
Un théâtre de 4 400 places
Vers 300 av. J.-C., à la suite de l’hellénisation du village indigène préexistant, se dresse sur le Monte Jato une cité grecque pourvue de fortifications, d’un réseau de rues et d’édifices publics, dont un théâtre et une agora. Bien conservé, le théâtre de Iaitas, large de 60 mètres, pouvait accueillir 4 400 spectateurs. L’agora, pavée de dalles de grès, était entourée d’arcades à deux nefs, et quelques éléments de la colonnade d’ordre dorique sont restés visibles. Sur le côté ouest de la place, se trouvent la salle du conseil, ou bouleuterion, ainsi qu’un temple à soubassement. Une riche demeure, avec cour intérieure et colonnade, ne compte pas moins de vingt-cinq pièces et quatre citernes pour recueillir l’eau de pluie. Elle a jusqu’à présent monopolisé la presque totalité des fouilles des archéologues dans les quartiers résidentiels de Iaitas : ils ont découvert les fûts de colonne du rez-de-chaussée encore debout dans la cour du péristyle. Il s’agit d’une habitation élégante, construite aux alentours de 300 av. J.-C., pourvue de quatre salles de banquet et de bains, dont le propriétaire tenait probablement un rang élevé. Parmi les trésors archéologiques réapparus, outre une hutte et un foyer de l’époque préhistorique, il est possible de visiter le temple d’Aphrodite. Datant de 500 av. J.-C. environ, c’est l’édifice public le plus ancien du site. Il est caractérisé par un adyton, une pièce arrière fermée, typique des temples grecs de la Sicile occidentale. Sous la Rome impériale, l’activité du bâtiment témoigne du déclin de la ville. Devenue à l’époque médiévale l’ultime refuge des musulmans, elle est complètement détruite à la suite d’une vaste insurrection contre l’empereur chrétien Frédéric II, qui participe personnellement à l’assaut. Des pièces archéologiques provenant du Monte Jato sont par ailleurs exposées au Musée municipal de San Cipirello, parmi lesquelles quatre caryatides de calcaire hautes de plus de deux mètres figurant deux ménades et deux satyres qui ornaient le théâtre grec de Iaitas.
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Dans les ruines de Iaitas
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°75 du 22 janvier 1999, avec le titre suivant : Dans les ruines de Iaitas