Le projet de révision du statut des musées anglais, longtemps attendu, a enfin été publié par le Departement of National Heritage. Parmi les recommandations essentielles du rapport, intitulé Treasures in Trust, figure l’établissement d’une nouvelle catégorie de musées, dotés de collections "prééminentes". Une trentaine de musées devraient profiter de ce nouveau statut, qui leur donnera accès à des financements préférentiels.
LONDRES (de notre correspondant) - Les trente musées anglais qui pourraient bénéficier du nouveau statut promis par Treasures in Trust s’ajouteront aux seize musées nationaux bénéficiant déjà de fonds gouvernementaux. Les musées concernés doivent détenir des collections "d’une importance plus que locale ou régionale" et pourront inclure des institutions fondées par des collectivités locales, des universités ou d’autres organismes indépendants (lire encadré). En présentant son rapport, le 31 juillet, le secrétaire d’État au Department of National Heritage (DNH), Virginia Bottomley, a promis que l’Heritage Lottery Fund "prendrait en compte cette nouvelle catégorie de musées dans l’examen des dossiers de demande de crédits", ajoutant qu’elle espérait voir les collectivités locales agir de même lorsqu’elles fixeront le montant de leurs subventions. La Museum & Galleries Commission s’est vu confier le soin de décider quels musées bénéficieraient de ce statut "préférentiel". Elle élabore actuellement les critères de sélection et pourrait examiner les dossiers à la fin de cet automne. La liste des musées retenus est attendue pour le début de 1997. Ces nouvelles dispositions n’intéressent que l’Angleterre, puisque les musées d’Écosse, du Pays de Galles et d’Irlande du Nord dépendent des autorités régionales. Virginia Bottomley a annoncé que la Loterie verserait 500 millions de livres (4 milliards de francs) aux institutions concernées d’ici la fin du millénaire ; à rapprocher des 240 millions de livres (1,9 milliard de francs) déjà versés aux musées du Royaume-Uni. Le gouvernement s’est également engagé à mettre sur pied une législation les autorisant à utiliser cet argent de façon moins restrictive qu’aujourd’hui, afin d’améliorer ou de créer divers services : accès du public, projets éducatifs, formation, expositions itinérantes, numérisation des images, production de CD-Rom et diffusion sur l’Internet…
Bien que Treasures in Trust ait globalement reçu un accueil favorable, la Museums Association a fait remarquer que "l’omission la plus flagrante du rapport concerne le déclin général des subventions allouées aux musées". Les crédits attribués aux musées nationaux par le DNH sont en effet passés de 194,6 millions de livres en 1995-1996 à 190,5 millions cette année, et 185,9 millions (1,5 milliard de francs) sont prévus au budget de l’an prochain.
Quelques prétendants à la liste "préférentielle"
Notre partenaire éditorial, The Art Newspaper, a esquissé une liste de musées anglais susceptibles de soumettre une demande d’agrément à la MuÂseum & Galleries Commission, en s’attachant plus particulièrement à leurs collections d’art. Outre les onze institutions retenues, il existe d’importants musées municipaux à Bradford, Brighton, Bristol, Derby, Gateshead, Hull, Leicester, Norwich, Nottingham, Preston, Salford, Sheffield, Southampton et York.
Ashmolean Museum, Oxford. Subventionné principalement par l’université d’Oxford (1 191 000 livres), dépenses annuelles 1 282 000 livres, 203 000 visiteurs par an (entrée gratuite). Fondé par Elias Ashmole en 1683, c’est le plus ancien musée de Grande-Bretagne. La cabinet de curiosités a été enrichi pour donner naissance à un musée d’antiquités et d’art européen et oriental. Sa collection de maîtres anciens est excepÂtionnelle, avec des œuvres d’Uccello, Bellini, Van Dyck... Le musée possède aussi de beaux préraphaélites et des tableaux impressionnistes, ainsi qu’une salle réservée aux estampes.
Barber Institute of Fine Arts, Birmingham. Subventionné principalement par le Barber Trust (400 000 livres) et l’université de Birmingham (93 000 livres), dépenses annuelles 750 000 livres, 41 000 visiteurs par an (entrée gratuite). Établi en 1932, en souvenir d’un riche promoteur local, Sir Henry Barber. Les collections d’art occidental s’étendent de Simone Martini à René Magritte.
Birmingham Museum and Art Gallery. Subventionné principalement par la municipalité de Birmingham (2,5 millions de livres), dépenses annuelles 2,6 millions de livres, 537 000 visiteurs par an (entrée gratuite). Fondé en 1885, il comprend un musée et une galerie d’art, et possède en particulier une belle collection de peintures italiennes du XVIIe siècle et de préraphaélites.
Bowes Museum, Barnard Castle (Durham). Subventionné principalement par le comté de Durham (492 000 livres), dépenses annuelles 701 000 livres, 52 000 visiteurs par an (entrée : 3 livres). La collection a été rassemblée par l’industriel John Bowes et son épouse, l’artiste parisienne Joséphine CofÂfin-Chevalier. Ouvert au public depuis 1892, le Bowes Museum est le plus isolé des musées de cette liste, mais sa collection est riche de chefs-d’œuvre : Sassetta, Goya, Boucher…
Courtauld Institute Galleries, Londres. Subventionné principalement par le Courtauld Institute of Art (547 000 livres), dépenses annuelles 930 000 livres, 128 000 visiteurs par an (entrée : 3 livres). Fondé en 1931 par Samuel Courtauld, le musée s’est installé en 1990 dans l’aile nord de Somerset House, sur le Strand. Peintures du XIVe au XXe siècle, dont l’une des plus belles collections d’impressionnistes et de post-impressionnistes en Grande-Bretagne.
Dulwich Picture Gallery, Londres. Longtemps gérée par l’Alleyns College of God’s Gift, le musée est depuis deux ans indépendant. Son financement est assuré par les entrées, des subventions et des donations. Dépenses annuelles 704 000 livres, 41 000 visiteurs par an (entrée : 2 livres). Installée en 1814 au sud de Londres, la Dulwich Gallery a été la première galerie d’art ouverte au public. La collection de maîtres anciens a été offerte par l’acteur Edward Alleyn et le marchand Noel Desenfans (tableaux acquis à l’origine pour le roi de Pologne). Nombreuses œuvres maîtresses du XVIIe siècle.
Fitzwilliam Museum, Cambridge. Subventionné principalement par l’université de Cambridge (908 000 livres), dépenses annuelles 1 365 000 livres, 274 000 visiteurs par an (entrée gratuite). Fondé en 1816 grâce à la collection du septième vicomte Fitzwilliam, le musée est installé depuis 1848 dans un édifice de style néoclassique. Belles collections d’antiquités, de primitifs italiens et de peintures françaises (Monet, Renoir…) et anglaises (Sickert, Spencer…).
Laing Art Gallery, Newcastle. Subventionnée principalement par la municipalité de Newcastle, via Tyne & Wear Museums (279 000 livres), dépenses annuelles 507 000 livres, 124 000 visiteurs par an (entrée gratuite). Ouverte en 1904, la Laing Art Gallery est l’un des plus importants musées du nord de l’Angleterre. Elle possède notamment une remarquable collection d’aquarelles britanniques.
Leeds City Art Gallery. Subventionnée principalement par la municipalité de Leeds (523 000 livres), dépenses annuelles 647 000 livres, 236 000 visiteurs par an (entrée gratuite). Inauguré en 1888, le musée est riche d’une collection de sculptures et de peintures d’artistes britanniques du XXe siècle. La majeure partie des maîtres anciens et de l’art décoratif est exposée à Temple Newsam House, à 8 kilomètres à l’est du centre ville.
Manchester City Art Galleries. Subventionnée principalement par la municipalité de Manchester (1 861 000 liÂvres), dépenses annuelles 2 308 000 livres, 240 000 visiteurs par an (entrée gratuite). Établi en 1882 dans un bâtiment néoclassique, le musée possède une remarquable collection de peinture, surtout anglaise des XVIIIe et XIXe siècles, et d’art décoratif.
Whitworth Art Gallery, Manchester. Subventionnée principalement par l’université de Manchester (618 000 livres), dépenses annuelles 688 000 livres, 96 000 visiteurs par an (entrée gratuite). Fondé en 1889 grâce à un legs de Sir Joseph Whitworth, l’édifice actuel a été inauguré en 1908, et rattaché en 1958 à l’université. Le musée possède de belles collections de textiles et de papiers peints, d’aquarelles anglaises et d’art contemporain.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Création d’un nouveau statut pour les musées anglais
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°29 du 1 octobre 1996, avec le titre suivant : Création d’un nouveau statut pour les musées anglais