Conjuguant hautes compétences en histoire de l’art et sens du contact, le conférencier invite des publics variés à la découverte des musées et monuments.
Si elle fut longtemps l’apanage des femmes de la haute société en quête d’un passe-temps, puis d’étudiants en histoire de l’art, de documentalistes ou d’apprentis conservateurs, l’activité de conférencier dans les musées est une profession à part entière depuis les années 1960, époque qui voit la mise en place d’un concours spécifique pour leur recrutement. En plein développement dans les années 1970-1980, en raison du boum de la fréquentation des expositions (en 1967, la rétrospective « Toutânkhamon » attire plus d’un million de visiteurs), le service des visites conférences des Musées de France est rattaché à la RMN (Réunion des musées nationaux) en 1992. Il compte aujourd’hui environ 130 personnes qui interviennent dans les musées nationaux (les musées Picasso, Rodin, de Cluny, des arts et traditions populaires, du château de Fontainebleau… ), les musées devenus établissements publics (le Louvre, Versailles, Orsay, Guimet), et les expositions temporaires du Grand Palais. « Il faut être très mobile et savoir s’adapter à tous les types de publics, enfants ou adultes, groupes ou individuels, amateurs ou connaisseurs », expliquent les conférencières Sonia Brunel et Cécile Galinier. « Des connaissances approfondies en histoire de l’art sont indispensables, mais se révèlent insuffisantes sans des qualités d’écoute et d’attention, des capacités de gestion d’un groupe et de transmission d’un savoir ». Nécessitant un important travail de préparation personnel (dans le cadre des expositions temporaires notamment), les visites supposent aussi une bonne résistance physique – « on reste debout plusieurs heures d’affilée » – et un certain talent d’orateur. « Le conférencier s’apparente à un dompteur, plaide Sonia Brunel. Il doit savoir s’imposer dès les premières minutes de la visite ».
Trouver son employeur
Titulaires d’une maîtrise en histoire de l’art et archéologie ou du diplôme de muséologie de l’École du Louvre, ces professionnels des musées parlent au moins une langue étrangère et ont au préalable passé l’examen de conférencier national. Organisé conjointement par les ministères de la Culture et du Tourisme tous les deux ans – le prochain devrait avoir lieu au printemps 2004 –, cet examen en deux temps (un écrit sur un sujet d’histoire de l’art et deux épreuves orales) permet l’obtention d’une carte de conférencier, condition première à la prise de parole dans un lieu public. « Il s’agit d’un agrément, de la reconnaissance d’une aptitude professionnelle sur le territoire national, en aucun cas d’une garantie sur le plan de l’emploi », précise Benoît Dusart, responsable du service Villes et Pays d’art et d’histoire au ministère de la Culture. Les « conférenciers nationaux » sont en effet tenus de trouver eux-mêmes leur employeur. « Les institutions publiques étant peu source de débouchés, ils se tournent en général vers des structures privées telles les agences de voyages ou les associations », poursuit Benoît Dusart. Les institutions muséales ou patrimoniales offrent en effet de bien maigres perspectives : le dernier recrutement du Centre des monuments nationaux (Monum’) pour l’Île-de-France remonte à huit ans, et la situation n’est guère plus favorable à la RMN. Traversant une crise sans précédent, celle-ci n’a pas embauché de conférenciers depuis l’an 2000.
Parmi les autres possibilités pouvant être envisagées par les guides en herbe : le travail en free-lance pour des agences, évoqué plus haut – mais il s’agit souvent de vacations saisonnières – et la préparation de l’examen de guide-conférencier des « Villes et Pays d’art et d’histoire », label décerné par le ministère de la Culture aux collectivités locales qui possèdent un patrimoine important et s’engagent à le valoriser (elles sont 130 à ce jour). Organisé par les DRAC (directions régionales des Affaires culturelles), cet examen comporte des épreuves écrites sur l’histoire générale et l’histoire régionale du patrimoine, ainsi qu’un oral de mise en situation sur le terrain. Sa réussite permet de conduire des visites pour des « Villes et Pays » d’une même région. Chargés de sensibiliser le public à l’histoire et au patrimoine de la commune, ces guides-conférenciers (au nombre de 1 300 en France) sont dans la plupart des cas employés (à la vacation) par les offices de tourisme. Mais, là encore, le métier reste précaire, puisque saisonnier et dépendant étroitement des besoins des syndicats d’initiative.
- Service des visites conférences de la RMN, tél. 01 40 13 46 69.
- Secrétariat des Villes et Pays d’art et d’histoire au ministère de la Culture, tél. 01 40 15 84 08, www.vpah.culture.fr
- Service des visites en Île-de-France au Centre des monuments nationaux, tél. 01 44 54 19 30.
- Pour tout renseignement sur l’examen de conférencier national, s’adresser au ministère de l’Équipement, secrétariat d’État au tourisme, tél. 01 44 49 80 00.
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Conférencier
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°186 du 6 février 2004, avec le titre suivant : Conférencier