Après la Gemäldegalerie (lire le JdA n° 64, 8 juillet), l’Altes Museum de Berlin bénéficie à son tour de la réunification et présente jusqu’en 2003 toutes les antiquités grecques et romaines de la ville.
BERLIN (de notre envoyée spéciale) - Pendant les cinq prochaines années, les antiquités grecques et romaines dispersées sur plusieurs sites seront exposées dans le plus ancien musée public berlinois, le célèbre Altes Museum conçu par l’architecte Schinkel, en 1830. À l’instar des autres édifices de “l’île aux musées” – une petite péninsule sur la Spree dans l’ex-Berlin Est –, le bâtiment a besoin d’être entièrement réaménagé et fermera donc en 2003. Construit pour accueillir les antiquités classiques, l’Altes Museum a été détruit par les bombardements durant la Seconde Guerre mondiale, et seule l’entrée, rappelant celle du Panthéon, a été reconstruite à l’identique. Depuis, les salles ont été utilisées pour des expositions temporaires ; elles ont même servi de musée de l’art réaliste socialiste dans les années soixante.
Une magnifique perspective du musée original vient d’être reconstituée : le superbe bronze grec figurant un jeune homme en train de prier, autrefois propriété de Frédéric le Grand au château de Sans-Souci, a été replacé dans le grand espace ouvert de l’entrée, véritable cœur du “Panthéon”, flanqué de Victoires en marbre. Les salles, versions abstraites et dépouillées des réalisations initiales de Schinkel, ont été réaménagées par les architectes italiens Giuseppe Caruso et Agata Torricella. À mi-hauteur, les piliers de forme abstraite, remplaçant les anciennes colonnes de Schinkel, n’évoquent pas seulement l’architecture initiale, ils divisent aussi la nouvelle présentation en trente sections thématiques. Environ 2 000 des 100 000 œuvres de la collection sont réparties en trois grands groupes : selon leur provenance, ou pour illustrer les grandes fouilles archéologiques allemandes, à Olympie ou à Milet, dans l’ouest de la Turquie, ou encore selon une approche thématique – “Les Grecs et le sport”, “Dieux et héros”, “La culture grecque et Italie”. Trois “îlots d’information” équipés de bornes interactives sont habilement dissimulés derrière des parois semi-circulaires. Contrairement à la nouvelle Gemäldegalerie qui a limité les textes au strict minimum, les piliers tronqués de l’Altes Museum servent de supports à de longs développements explicatifs, en allemand et en anglais.
La collection couvre une période qui s’étend du troisième millénaire avant J.-C. – avec des sculptures et une tombe très rare, entièrement préservée, de l’archipel des Cyclades – à la Rome pré-impériale. Le parcours se termine sur un bouquet éblouissant d’œuvres majeures dont le rassemblement a été rendu possible par la réunification des collections : la tête de bronze de Jules César, autrefois à l’Est, est installée aux côtés d’une tête de marbre de Cléopâtre, autrefois à l’Ouest (achetée à Paris à un ressortissant grec expulsé d’Égypte par le roi Farouk, dans les années cinquante). Entre les deux est exposée une charmante petite mosaïque représentant un banquet sur le Nil, qui rappelle au visiteur que César, épris de Cléopâtre, avait abandonné ses affaires d’État pendant trois mois afin d’effectuer avec elle une croisière sur le fleuve.
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César retrouve Cléopâtre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°65 du 28 août 1998, avec le titre suivant : César retrouve Cléopâtre