Installé dans l’hôtel Villeneuve-Martignan, à Avignon, le Musée Calvet abrite des collections qui couvrent aussi bien les beaux-arts que l’archéologie, les arts décoratifs que l’ethnologie. Rouvert partiellement en 1995, après six ans de fermeture, le musée, qui peine à obtenir des subventions de la ville, doit encore faire l’objet de réaménagements afin d’exposer les peintures, antiquités et objets de curiosité accumulés dans les réserves. Pour ses travaux de restauration, l’institution fait ainsi régulièrement appel au mécénat privé.
AVIGNON - Inscrit au nombre des trente-deux musées français classés, le Musée Calvet n’exploite actuellement qu’un tiers de sa surface, et à peine 15 % des œuvres qu’il possède sont exposées. “La collection du Musée Calvet était tellement importante à la fin du XIXe siècle, qu’on a dispersé jusqu’à épuisement”, explique Pierre Provoyeur, conservateur depuis mars 1995. En 1933, le fonds archéologique est installé au Musée lapidaire ; en 1976, la sculpture avignonnaise rejoint le Musée du Petit Palais et, enfin, en 1984, la bibliothèque municipale qu’abritait le musée est déplacée, laissant un espace vide correspondant à plus de la moitié du bâtiment. La Direction des Musées de France saisit alors l’occasion pour rénover le musée et consolider les bâtiments – les salles sont fermées, les œuvres entassées aux archives municipales –, persuadée de pouvoir faire les travaux d’une seule traite. C’était sans compter sur la lourdeur des mécanismes associant à la fois la ville, la Fondation Calvet (établissement public communal), la conservation, les architectes et le ministère de la Culture. Les opérations traînent et le musée est contraint de fermer ses portes de 1989 à 1995. La première tranche de travaux, qui comprenait notamment la restauration des façades, a coûté 80 millions de francs tandis que la deuxième, à venir, est estimée à 40 millions de francs. Le montant total des opérations s’élèverait donc à 120 millions de francs, un budget “plutôt modeste dans l’échelle des musées, considère Pierre Provoyeur, surtout que cela s’étale depuis 1989”. Cinq nouvelles salles, réparties sur 800 mètres carrés, devraient s’ajouter aux 2 000 mètres carrés dévolus actuellement à la peinture. Quant à l’archéologie, tout reste à faire puisque aucun espace ne lui est encore consacré. Bientôt, les vestiges du Musée lapidaire vont retourner au Musée Calvet, dans une galerie archéologique prévue sur deux niveaux – 800 mètres carrés au rez-de-chaussée et 200 au 1er étage. Le musée a également obtenu la construction de nouvelles réserves, hors les murs, au sud d’Avignon. Leur aménagement est attendu pour la fin 2002, afin d’y installer les collections fin 2003. Enfin, il faut mettre de l’ordre dans l’inventaire qui ne comprend que 28 000 numéros sur les 50 000 objets et œuvres d’art que comptent les réserves et le musée !
Appel au mécénat privé
Outre le réaménagement de l’espace, la restauration des œuvres est une des grandes préoccupations du musée car “pendant des années, le musée a accumulé sans restaurer”, déplore Pierre Provoyeur. Pour palier le manque de budgets octroyés par la ville, il fait régulièrement appel au mécénat privé. La Pietà (1655) de Nicolas Mignard a ainsi pu être restaurée en 1996 et son pendant, la Nativité, dans un état si précaire qu’il a fallu consolider sa surface en la couvrant de papier collé, doit également bénéficier de fonds privés pour sa restauration. La ville d’Avignon ne semble, en effet, pas très concernée par les difficultés que rencontre le musée.
“Le problème est que la Drac et l’État ne peuvent donner de l’argent que si la ville en donne et vote les budgets ! Si la municipalité vote un budget, l’État le subventionne à 40 % et parfois même à 75 %. De plus, les villes récupèrent la TVA, d’environ 20 %. Donc, au final, si elle vote un budget, la part de la ville est inférieure à 50 % du coût total, mais encore faut-il qu’elle vote les 100 % !”, explique Pierre Provoyeur, qui espère toutefois que “l’heure du musée viendra avec le second mandat de Madame Roig”...
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Budget, où es-tu ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°132 du 14 septembre 2001, avec le titre suivant : Budget, où es-tu ?