Créateur d’un modèle de musée inclusif, le directeur de La Piscine, à Roubaix, s’apprête à passer la main. Il revient sur l’identité de ce lieu unique en France.
Je n’ai jamais fait de bilan car j’ai toujours été très occupé par le projet. Ça a été une période bien remplie, une aventure formidable, et j’espère que mes successeurs y trouveront le même bonheur. Je ne suis pas inquiet pour l’avenir de la structure mais plutôt pour moi, car c’est une expérience qui m’a porté.
Depuis quelques semaines, mon départ devient une réalité tangible, même si je suis toujours un peu incrédule, car pendant mes quarante années de carrière, la seule chose qui m’ait guidé c’est le service public. Mon projet dans l’immédiat est de terminer la monographie sur Camille Claudel que je prépare avec Anne Rivière et que j’avais dû mettre sous le boisseau faute de temps.
Notre grande fierté à La Piscine, c’est que malgré le succès nous n’avons jamais renié d’où nous venions et notre concept originel : celui d’un musée solidaire. Il y a parfois des gens que ce positionnement déroute mais dans une ville aussi singulière que Roubaix il était impensable que la transmission et la question des publics ne soient pas au cœur de nos projets. Il n’y a pas d’équivalent en France d’un musée municipal en région qui propose six ateliers de pratique artistique, des horaires décalés pour accueillir les enfants dans de bonnes conditions et un travail au long cours avec des sites d’accueil d’enfants en grande difficulté. La Piscine ne sera jamais le musée de partout ailleurs et c’est très important de conserver cette identité. Mais ce n’est pas parce que l’on travaille avec un public qui n’est pas la cible traditionnelle des musées, que l’on doit baisser le niveau d’exigence sur les expositions. Bien au contraire, nous avons un devoir d’exemplarité avec une programmation ambitieuse qui met en valeur des artistes inconnus, mais qui, en même temps, n’hésite pas à aller chercher des rencontres avec des grandes figures. Je suis heureux que les gamins de Roubaix aient découvert ici l’œuvre de Picasso ou de Chagall dans des expositions inédites étroitement liées à notre projet scientifique et culturel.
Elle va devoir superviser le deuxième agrandissement du musée qui s’annonce comme un gros chantier représentant entre 5 000 et 10 000 m2 supplémentaires ! L’idée de cette extension est d’aller plus loin encore sur la question des arts appliqués, qui sont une des particularités du musée dont les collections se sont beaucoup enrichies ces dernières années. Cette extension va de pair avec la fondation d’un quartier créatif, porté par la Ville, centré sur la production textile. Cela devrait vraiment être un laboratoire avec, par exemple, des passerelles entre résidences de créateurs et service des publics. L’autre enjeu de l’agrandissement sera de créer un grand centre de documentation ouvert au plus grand nombre ; toujours dans cet esprit de solidarité et de transmission.
Musée atypique installé dans une piscine Art déco, il se singularise par la place qu’il accorde à la sculpture et aux arts appliqués, ainsi qu’à la médiation et la question des publics.
295 000
C’est le nombre de visiteurs venus au musée de Roubaix, en 2023. Un record historique porté notamment par l’exposition Chagall.
« La Piscine va vivre une étape importante de son histoire avec le départ de celui qui l’a fait naître (…) et en a fait le musée d’envergure régionale et nationale qu’il est aujourd’hui. »
Bruno Renoul, La Voix du Nord, 1/12/23.
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Bruno Gaudichon : « Nous n’avons jamais renié d’où nous venions »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°776 du 1 juin 2024, avec le titre suivant : Bruno Gaudichon : Nous n’avons jamais renié d’où nous venions