Les phénomènes de migration de masse dans le Mexique ancien restent mal connus. Les catastrophes naturelles semblent y avoir joué un rôle, si l’on en croit les archéologues travaillant à Xochitecatl-Cacaxtla, non loin de Mexico.
MEXICO - Les archéologues Carlos Lazcano et Carmen Serra travaillent depuis de nombreuses années à Xochitecatl-Cacaxtla, au centre du Mexique, où ont été trouvées les fresques les plus grandes et les plus détaillées d’Amérique centrale (VIIIe-Xe siècles). Ils pensent avoir découvert pourquoi ce site a été abandonné à deux reprises au cours de sa longue histoire. Deux éruptions du Popocatépetl, le volcan de la chaîne de montagnes qui sépare la vallée de Mexico de celle de Puebla, en seraient la cause. Selon les deux archéologues, elles auraient eu lieu vers 100 et 900 ap. J.-C. et provoqué l’inondation de la vallée de Puebla, la submergeant en grande partie de boue et de cendres. À proximité, à Cholula, la célèbre pyramide de Quetzalcoatl, la plus grande construction de ce type au monde, a elle aussi été engloutie. À Xochitecatl-Cacaxtla, les pièces des anciens palais ont été envahies par des cendres volcaniques qui ont maintenu les fresques dans un état de conservation presque parfait. En 1975, on a découvert ces salles pleines de sable, ce qui a troublé certains chercheurs, l’un d’eux allant jusqu’à suggérer que les anciens habitants les avaient emplies de sable avant leur départ afin de les préserver pour l’éternité. Parmi ces fresques représentant des dieux et des batailles, un cycle dépeint des guerriers vêtus de peaux de jaguar et des images de sacrifices humains. Ils attaquent, défont, démembrent, voire éventrent d’autres guerriers portant des costumes d’oiseaux et de somptueux textiles.
La découverte des ravages provoqués par les deux éruptions jette une lumière nouvelle sur l’histoire de la région à l’époque des Tenanyecac (100-650 ap. J.-C.) et des Texcalac (650-1100 ap. J.-C.). Elle remet également en cause les fouilles de Cholula, où des années de recherches n’ont rien fait apparaître. Pour Carlos Lazcaro, “il est certain que ces fouilles ont été très mal menées. Si les archéologues travaillant sur la pyramide n’ont jamais mis en évidence la moindre éruption, c’est peut-être que cette éventualité ne leur a jamais traversé l’esprit”. Ces éruptions n’ont pas été les premières de la région, deux autres les avaient précédées à Xitle, un volcan de la vallée de Mexico, peu éloigné du Popocatépetl, provoquant la destruction de l’importante cité de Cuicuilco. Reste à analyser l’influence de ces catastrophes sur les migrations de masse en Méso-Amérique, ainsi que sur la religion et la cosmologie locales.
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Au-dessous du volcan
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°64 du 8 juillet 1998, avec le titre suivant : Au-dessous du volcan