Assise : après l’effondrement, la polémique

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 10 octobre 1997 - 402 mots

Après l’effondrement, le 26 septembre, d’une partie de la voûte de la basilique supérieure Saint-François d’Assise qui a provoqué la mort de quatre personnes et endommagé gravement la fresque de Cimabue, une polémique se développe en Italie.

ROME. Federico Zeri, historien de l’art, et Bruno Zanardi, membre de l’Institut central italien de restauration, ont mis en cause les travaux effectués dans les années cinquante sur la basilique. Selon Federico Zeri, les poutres originelles en bois du toit de l’édifice ont été remplacées par des armatures en béton armé qui ont alourdi et rendu rigide l’ensemble de l’édifice. Ces travaux ont été une "pure folie", a-t-il déploré, en affirmant que la structure de base beaucoup plus élastique avait réussi à supporter d’autres tremblements de terre au cours des siècles. Bruno Zanardi, quant à lui, s’interroge sur le rôle du toit en ciment, en raison du "caractère particulier des dommages". Le toit est resté intact, "seuls se sont écroulés le panneau de voûte de la première travée, celle qui est accolée au mur interne de la façade, et celui de la travée reliée au transept. Comme si un corps rigide avait agi sur les deux extrémités comme un coup de marteau". "On se demande pourquoi personne n’a pensé à protéger la basilique contre les risques sismiques", s’étonne-t-il par ailleurs.

La Crucifixion du Christ sérieusement endommagée
La fresque de Cimabue représentant la Crucifixion du Christ, célèbre pour son intensité tragique, a été sérieusement endommagée. Les vingt-huit fresques attribuées à Giotto et représentant la vie de saint François ont également été touchées, mais dans une moindre mesure. Federico Zeri estime que ces fresques ne sont pas de Giotto mais de peintres de l’école ro­maine, Filippo Rusuti et Pietro Cavallini. Elles constituent néan­moins “une œuvre fondamentale pour la culture européenne”. De profondes fissures sont aussi apparues sur les parois et les plafonds des appartements réservés au pape, sur ceux du musée et du réfectoire des frères franciscains. La tombe de saint François, située dans la crypte en sous-sol, a été en revanche épargnée ainsi que la basilique inférieure de l’édifice. Le ministre italien des Biens culturels, Walter Veltroni, a qualifié "d’im­mense tragédie" l’écroulement de la voûte et assuré que l’État assurerait tous les moyens nécessaires à la reconstruction. L’Union européenne va contribuer à la restauration de la basilique par une aide d’urgence de 100 000 écus (665 000 francs) prélevée sur le budget destiné au patrimoine culturel.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°45 du 10 octobre 1997, avec le titre suivant : Assise : après l’effondrement, la polémique

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