Pour des raisons historiques évidentes, les collections nationales françaises ne possédaient jusqu’à aujourd’hui que quelques dizaines d’objets d’art nigérian. Elles s’enrichissent, en deux temps, de 276 pièces, achetées 40 millions de francs au collectionneur suisse Jean-Paul Barbier : 105 pièces sont d’ores et déjà entreposées au Musée national des arts d’Afrique et d’Océanie, et les 171 restantes les rejoindront en 1997, avant d’être exposées au public la même année.
PARIS - "Il y a dans cette collection d’art nigérian une dizaine ou une quinzaine de pièces – ce qui est une proportion considérable – qui sont uniques au monde ou qui sont de loin le meilleur exemplaire connu", affirme Jean-Paul Barbier, qui a poursuivi pendant une vingtaine d’années la collection d’art primitif commencée par son beau-père Joseph Mueller et ouvert un musée à Genève. Déçu par l’indifférence des Suisses à l’égard de l’art primitif, il a proposé sa collection d’art nigérian à la France dès 1994. Deux années de négociations ont été nécessaires avant de voir l’État acquérir ces cent cinq premières pièces pour le compte du Musée national des arts d’Afrique et d’Océanie (Maao).
Parmi elles, une tête d’oba en bronze du royaume du Bénin (voir photo ci-contre), datée du XVe-XVIe siècle et réalisée au moyen de la technique de la cire perdue. Elle avait été adjugée l’équivalent de 13,75 millions de francs à Jean-Paul Barbier, chez Christie’s à Londres en 1989, mais le collectionneur l’aurait cédé à 70 % de ce prix. Seules sept têtes de ce type sont recensées dans le monde, dont six appartiennent aujourd’hui à des musées. Au nombre des autres chefs-d’œuvre, une tête d’oni d’Ife en terre cuite (XIIIe-XVIe siècle), une plaque en bronze du Bénin (il en existe deux autres au Musée de l’Homme), une grande maternité urhobo (exposée cet hiver à la Royal Academy de Londres, lors de l’exposition "Africa"), trois fragments de tête en terre cuite de la culture Nok (Ve siècle avant J.-C.-IIe siècle après J.-C.)…
Ce premier ensemble comprend pour l’essentiel des pièces de l’art Ibidio, Ibo et Idoma, de la région orientale du Nigéria, du delta du Niger et de la région de Cross River. Le second est composé de pièces de l’art des Ijo, au sud du pays, et de l’art Yoruba. Jean-Paul Barbier a également offert les études réalisées sur sa collection par vingt-huit spécialistes, dont William Fagg, Ekpo Eyo et Frank Willett. Elles serviront de base à l’élaboration d’un catalogue qui accompagnera leur présentation temporaire en 1997, vraisemblablement au Maao. L’ensemble a été vendu 40 millions de francs par le collectionneur suisse : le premier versement s’élève à 20 millions (dont 12 sont apportés par le Fonds du patrimoine), et le solde sera versé en 1997.
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Art nigérian : une acquisition majeure
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°23 du 1 mars 1996, avec le titre suivant : Art nigérian : une acquisition majeure