Ce fonds est l’un des rares acteurs privés à financer des fouilles dans le bassin méditerranéen.
Comme souvent pour le mécénat culturel, l’origine d’Arpamed se trouve dans le goût personnel des mécènes. Le président du conseil d’administration, Grégoire Heuzé (associé gérant à la banque Rothschild), confie avoir gardé de son enfance « un goût pour l’archéologie méditerranéenne et la Grèce. Mais l’idée m’est venue après un séjour sur le site de Karnak en Égypte. » Associé à l’historienne Claire Sotinel (université de Créteil), il crée en 2016 le fonds de dotation Arpamed pour l’archéologie et le patrimoine en Méditerranée. Le conseil d’administration regroupe des personnalités au parcours divers, comme l’ex-directrice du fonds AXA pour la recherche, Ulrike Decoene. La structure reste de taille modeste puisqu’elle n’emploie qu’un seul salarié, Henri de Megille, archéologue de formation. Un conseil scientifique présidé par Claire Sotinel assure la cohérence des projets soutenus, en France comme à l’étranger.
Arpamed est à ce jour le seul fonds de dotation actif dans le secteur de l’archéologie, mis à part le fonds Khéops pour l’égyptologie. C’est d’ailleurs la particularité de ce fonds que de financer aussi bien des fouilles dans le sud de la France (Hyères) qu’au Maghreb ou en Italie. Grégoire Heuzé définit Arpamed comme « une structure de mécénat général pour la Méditerranée ». Ce champ géographique correspond à la zone d’influence de la France en Méditerranée, ce que les fondateurs d’Arpamed assument. « La France est bien établie en Méditerranée notamment pour les fouilles archéologiques », rappelle Grégoire Heuzé, qui ajoute que « la France y est en concurrence avec d’autres pays ».
Financer l’archéologie française serait donc une forme de contribution au soft power, à une politique d’influence ? Oui, mais l’ambition d’Arpamed va au-delà, car il s’agit, selon Grégoire Heuzé, de pallier « la baisse des dotations et des subventions destinées à l’archéologie », un constat partagé par de nombreux spécialistes. En 2019, un « rapport stratégique sur l’archéologie française à l’étranger » remis aux ministères de la Culture et des Affaires étrangères relevait ainsi « la faiblesse des financements », identifiée comme un problème structurel du secteur. Le rapport n’allait pas jusqu’à suggérer un recours au financement privé.
Il y a pourtant de la place pour un mécénat privé dans l’archéologie et Arpamed finance chaque année une dizaine de projets : « Sur quarante dossiers présentés chaque année, nous en retenons dix, pour des montants variés mais, en moyenne, cela tourne autour de 20 000 euros par projet, ou 25 % du budget », explique Grégoire Heuzé. Depuis 2017, 424 000 euros ont été apportés pour une vingtaine de projets concernant dix-huit sites, sur les 700 000 euros levés. Parmi les mécènes se trouvent des cabinets de gestion financière et même la galerie Emmanuel Perrotin.
Les projets, qui peuvent s’étaler sur plusieurs campagnes de fouilles, sont présentés par des équipes d’archéologues français (universitaires, chercheurs au CNRS), parfois avec le soutien des Écoles françaises à l’étranger (École française d’Athènes et de Rome, par exemple). Un des critères retenus est la nécessité de « fouiller avant que le site ne soit plus exploitable, car Arpamed se situe à la charnière entre la protection du patrimoine et les enjeux de civilisation. Il faut que notre intervention soit significative », insiste Grégoire Heuzé. D’où des projets en Égypte et en Algérie, à côté de sites plus attendus en Grèce et en Italie. En Algérie, par exemple, Arpamed finance la restauration des carrières antiques de Timgad dans le massif des Aurès et, en Italie, plusieurs projets à Ancône et Pompéi – sur ce dernier site le fonds de dotation participe même à la reconstitution d’un grand cru romain…
En 2021, Arpamed prévoit une levée de fonds importante, afin de financer en 2022 « un grand projet » qui donnerait plus de visibilité au fonds. Arpamed compte développer aussi ses actions grand public en créant un prix pour les étudiants en master d’archéologie et en organisant des expositions. Grégoire Heuzé se veut enthousiaste : « Nous devons contribuer à faire connaître l’archéologie française ! »
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Arpamed, un fonds de dotation pour l’archéologie en Méditerranée
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°568 du 28 mai 2021, avec le titre suivant : Arpamed, un fonds de dotation pour l’archéologie en Méditerranée