Depuis que les enjeux économiques ont largement pris le pas sur les enjeux artistiques et scientifiques, argent et pouvoir suscitent bien des convoitises dans le monde de l’art. Nous avons voulu dresser la liste de ceux qui, par leur argent, leur entregent, leur talent, leurs responsabilités, sont les plus capables d’influencer la cote d’un artiste, de programmer des expositions, d’obtenir des prêts d’œuvres, de modifier le cadre légal ou de peser sur les nominations. Il ne s’agit pas de révéler un quelconque gouvernement occulte des arts rappelant le spectre des « deux cents familles » de l’entre-deux-guerres, il s’agit encore moins d’un concours de beauté. Cet exercice doit être considéré comme de la sociologie de l’art, sous une forme, il est vrai, bien dans l’air du temps, mais qui a toujours prévalu comme en témoigne le récent ouvrage d’Umberto Eco (Vertige de la liste, Flammarion.) Ce classement met en évidence quelques tendances significatives de notre époque. D’abord la sous-représentation des femmes dans les cercles d’influence en art. Autant les professions de galeriste, de conservateur, d’expert se sont largement féminisées, autant les femmes ont toujours beaucoup de mal à franchir ce fameux plafond de verre. Elles ne sont que 8 % à figurer dans le classement France, soit moins que la proportion de femmes (9 %) dans les conseils d’administration des plus grandes entreprises cotées. Comme me le rappelait une ex-conseillère de ministre, congés maternité, éducation des enfants et contraintes horaires sont autant de handicaps dans la carrière professionnelle à haut niveau. Autre enseignement de cette première édition : le poids des hauts fonctionnaires, et pas seulement des conservateurs du patrimoine, dans les postes d’influence. On ne compte plus les énarques et polytechniciens qui ont papillonné d’un service de l’État à un poste de conseiller avant de prendre la direction d’un opérateur public. Sans compter les élus, tels Jack Lang, Laurent Fabius ou Christophe Girard, qui creusent leur sillon dans l’art.
Un témoignage de plus de l’importance des institutions culturelles et du marché de l’art dans nos sociétés modernes. Ce classement, comme tous les classements, va évidemment faire grincer des dents ceux qui sont mal ou pas classés. On pourra contester la subjectivité de l’évaluation ou remettre en cause la pertinence d’un tel palmarès. Nous assumons par avance toutes les critiques et invitons les uns et les autres à s’exprimer. Nos colonnes leur sont ouvertes.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Vertige de la liste
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°633 du 1 mars 2011, avec le titre suivant : Vertige de la liste