Des générations d’étudiants en histoire de l’art des universités françaises ont encore le souvenir vif des conditions déplorables dans lesquelles leur furent enseignés, souvent avec passion, les trésors de nos civilisations : salles délabrées, matériel déficient, diapositives jaunies, bibliothèques squelettiques… Ceux qui avaient la chance de franchir les frontières pour se rendre en Allemagne, en Grande-Bretagne ou en Suisse découvraient avec étonnement que, dans d’autres pays, on pouvait étudier l’histoire de l’art dans un confort similaire à celui réservé en France aux étudiants des disciplines les mieux loties.
Les années ont passé, mais, malgré les espoirs suscités par un projet aussi enthousiasmant que l’Institut national d’histoire de l’art, les choses n’ont guère changé. Le grand établissement, qui se constitue pas à pas, attend lui-même sa bibliothèque pour vraiment prendre son envol, et la dimension de cet indispensable outil a plusieurs fois été revue à la baisse, tout comme les crédits qui lui sont affectés.
Cette lenteur insupportable n’est malheureusement que le reflet de la position dans laquelle se trouve aujourd’hui la discipline en France. Si la création d’un Capes et d’une agrégation d’histoire de l’art semble définitivement enterrée, au détriment de la culture générale de générations de nos concitoyens, la recherche dans le domaine marque le pas, souvent sclérosée par des querelles de chapelles. Et même les étudiants les plus brillants ont de moins en moins de chances de voir un jour le fruit de leurs recherches publié, affaiblissant encore la place de notre pays dans le domaine à l’échelle internationale.
Face à ce gâchis, il est enfin temps de lancer un plan d’urgence pour l’histoire de l’art en France et de mobiliser acteurs publics et privés. La France a su avec panache faire la révolution de ses musées depuis une vingtaine d’années. La recherche attend le même électrochoc.
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Une histoire de l’art à réinventer
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°225 du 18 novembre 2005, avec le titre suivant : Une histoire de l’art à réinventer