Histoire. C’est un épisode peu connu de la Révolution culturelle en Chine que raconte l’historienne de l’art chinoise Kejia Wu, aujourd’hui installée aux États-Unis : les confiscations massives d’œuvres d’art par les Gardes rouges.
Entre 1966 et 1968, une nouvelle déferlante de violence traverse la Chine, cette fois menée par des hordes d’étudiants manipulés par Mao, qui chassent les professeurs des universités et traquent les « bourgeois », au besoin en entrant dans les maisons où ils saisissent les objets d’art. Ayant défait ses ennemis au sein du Parti, Mao demande à l’armée de reprendre la situation en main et il envoie ces millions de jeunes se faire à leur tour rééduquer dans les campagnes. Des Laogaï avant même 1949 jusqu’aux purges à répétition peu avant sa disparition en passant par les millions de morts de faim à la suite du « Grand Bond en avant », Mao partage avec Staline et Hitler le podium des plus grands criminels de l’histoire.
Pourtant, contrairement à Hitler, le Grand Timonier, continue d’être ménagé en Chine, comme Staline en Russie. Une Chine, raconte dans le même entretien Kejia Wu, qui s’enorgueillit d’être aujourd’hui la deuxième place du marché de l’art dans le monde. Cette apparence de normalité (un marché de l’art puissant) est troublante quand on sait que la Chine de Xi Jinping (dont le père a lui-même été victime des Gardes rouges) est toujours une dictature. Subsidiairement, rien ou très peu a été fait pour restituer ou indemniser les collectionneurs spoliés par une révolution qui porte bien mal son nom et voulait mettre à la poubelle la « vieille culture ». Le régime est plus allant pour obtenir le retour des objets volés lors du pillage du Palais d’été par les Français et Anglais.
La France justement, plus responsable, a été particulièrement active dans le processus de restitution des biens volés aux Juifs pendant la guerre. Dès 1945, la Commission de récupération artistique (CRA) restitue 45 000 objets revenus d’Allemagne et étiquette « MNR » ceux dont elle ne retrouve pas les propriétaires. Si par la suite l’élan est retombé, la mission Mattéoli en 1997 et les récentes lois ont relancé le processus. C’est évidemment toujours imparfait, mais au moins existe-t-il, dans nos sociétés occidentales honnies par les régimes non démocratiques qui prolifèrent, un processus de restitution transparent, régulé et somme toute apaisé.
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Spoliations chinoises
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°631 du 12 avril 2024, avec le titre suivant : Spoliations chinoises