Révolu. Les musées nationaux voient l’année se terminer avec soulagement. Certes, on leur a promis une année 2013 de tension budgétaire – même si tous ne sont pas logés à la même enseigne –, mais 2012 aura été marquée par une succession d’attentismes épuisants. Attentisme tout d’abord lors de la campagne présidentielle, durant laquelle ils n’ont pas pu distinguer une politique culturelle les concernant chez l’un ou l’autre des candidats. Attentisme ensuite au lendemain des élections, au moment où le nouveau gouvernement devait définir les grandes lignes de la politique qu’il entendait mener (si l’on connaissait l’intérêt de Jean-Marc Ayrault pour la culture comme un facteur de développement à Nantes, on ne pouvait pas en dire autant de François Hollande), avec une ministre, Aurélie Filippetti, dont l’avenir était suspendu aux résultats de sa réélection à la députation le 17 juin. Attentisme enfin au sujet du budget de la culture qui a tardé à venir, puis qui est finalement tombé maladroitement par voie de dépêche AFP début novembre, peu après le bras de fer qui venait d’opposer la Rue de Valois à Bercy à propos de la loi sur le mécénat… Mais ceci est désormais de l’ordre du passé ; madame la ministre a été confirmée dans sa fonction, le budget (certes en baisse) a été voté, la loi Aillagon est (momentanément) préservée, 2013 peut enfin commencer…
Avenir. « Où en sommes-nous ? Où allons-nous ? » C’est avec ces questions, paraphrasant un célèbre titre de Gauguin, qu’a été ouverte la table ronde qui s’est tenue à Beaubourg sur « L’avenir des musées ». Le sujet peut paraître anodin et pourtant, Alain Seban a évoqué le contexte dans lequel naviguent aujourd’hui les musées : crise du financement public, crise de « légitimité » (« On sait que l’on ne descendra pas en masse dans la rue pour défendre les musées », a-t-il dit), les perspectives ouvertes par la mondialisation, la diversification des publics, le numérique, etc. « On pressent qu’il va falloir inventer de nouveaux modèles », a déclaré le président du Centre. Et les intervenants d’en débattre. « Il n’y a pas de problème de légitimité du musée, a rétorqué Chris Dercon, directeur de la Tate Modern à Londres, puisqu’il y a un public. Mais il nous faut réfléchir sur ce que l’on peut lui offrir. » Si les visiteurs peinent parfois à faire la distinction entre collection permanente et expositions temporaires, M. Dercon en appelle à « réfléchir sur ce qu’est une collection ». Mais, au regard du coût de l’art, le musée doit-il continuer à acquérir des œuvres ? Peut-il seulement le faire quand, au même moment chez Sotheby’s, un fusain de Raphaël s’envole à 36,7 millions d’euros peu après l’adjudication d’un Rothko à 58 millions ? Ce à quoi Alfred Pacquement, le patron du Musée national d’art moderne, répond : « Le socle du musée, c’est la collection. Sans collection, il n’y a pas de musée, qui a besoin d’elle comme outil de travail, de recherche et d’éducation… » Et de rappeler que le musée doit aussi aller là où le marché ne va pas, hors des modes et de la spéculation. « Le musée va devenir l’institution culturelle par excellence », prévient M. Dercon, et pourquoi pas une « université ».
À venir. Mais 2013 n’en a pas fini avec une autre forme d’attentisme au sein des grands établissements publics cette fois, où la liste des renouvellements de mandats est longue. Alfred Pacquement (directeur du Mnam) partira à la retraite en décembre ; Guy Cogeval (président d’Orsay) verra son mandat se terminer en mars, un mois avant celui de Bruno Racine (président de la BNF). Le mandat d’Anne Baldassari (présidente du Musée Picasso) arrivera lui aussi à échéance cette année. On imagine aisément ce que sont aujourd’hui leurs vœux. L’occasion pour moi, chers lecteurs, de vous souhaiter une excellente année 2013.
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°653 du 1 janvier 2013, avec le titre suivant : Révolu - Avenir - A venir